Un spectacle sidéral. Il y a quelque chose du planétarium ou du voyage de science-fiction dans "Cloud". Nous voici assis découvrant ce spectacle avec des yeux de chouettes ou de chats. Il y a d’abord cette obscurité que déchirent des lumières colorées. Des étoiles? Non, des casques d’écoute, portés par une vingtaine de danseuses et danseurs adolescents. Une troupe différente à chaque ville d’accueil.
On devine les corps, on est rapidement fasciné par ce jeu de lumières qui bougent en harmonie ou en chaos. Des petites caisses posées sur le plateau se transforment en écrans d’ordinateurs, en projecteurs, en chaudrons d’où s’échappent des fumeroles. Une musique plane autour de cet univers. Psychédélique ou techno, elle aussi nous projette ailleurs.
De l'harmonie au champ de bataille
"Cloud" nous envoie dans les nuages du côté de l’univers de Star Wars avec ses épées laser ou du film "Tron" avec son design virtuel. Le spectacle nous relie aussi au big data, au "cloud" qui recueille numériquement nos vies et n’oublie jamais rien, du moins tant qu’il ne crèvera pas dans un grand orage magnétique.
La chorégraphe genevoise Perrine Valli règne en maîtresse de cérémonie sur ce spectacle. Depuis la table de mixage, elle dicte en direct les mouvements et les gestuelles des danseurs. La scène passe de l’harmonie au champ de bataille.
Notre lien à la technologie
On devine des mouvements de groupes inspirés des jeux virtuels. "Cloud" raconte une histoire. Il est question de notre lien à la technologie, de notre rapport au monde numérique et de l’influence que ce monde peut avoir sur nos pensées, nos comportements et nos corps.
"Cloud" se déploie à hauteur d’enfants. Car ce sont eux, les héritiers de ce monde virtuel. Pour le meilleur comme pour le plus alarmant. Cette dernière création de Perrine Valli naît d’une commande de la fondation "Arte Libera" qui a pour but de promouvoir les droits des enfants à travers des projets artistiques.
Comme une capsule dans l'espace
La musique de "Cloud" est signée Polar. Fabrice Melquiot signe un texte empli de questions lancées par le danseur et comédien Armand Deladoëy comme on envoie une capsule à l’autre bout de la Voie lactée. Les danseuses Evita Pitara et Sasha Gravat-Harsch font le lien entre les générations. Et pour relier ce nuage au sol, un mat chinois habité par l’acrobate Nhât-Nam Lé, furtif et souple tel une araignée qui viendrait titiller ces danseurs si bien connectés et ordonnés.
Thierry Sartoretti/mh
"Cloud", le 15 mars à l’Octogone de Pully, le 20 mars au Forum de Meyrin, le 4 avril au Crochetan de Monthey, le 8 juin au Forum Saint-Georges à Delémont.