Le titre de son nouveau spectacle, "Ça va", n'est pas une question, mais une réponse. "Pour dire aux gens que ça va. Ils interprètent souvent mon introversion comme du stoïcisme, comme si ça n'allait pas. Je ne suis pas très démonstratif, mais à l'intérieur, ça va."
Sur scène également, la retenue du Vaudois suscite parfois l'incompréhension. "On s'attend à ce que les humoristes soient tous des Jim Carey, avec des visages élastiques. Moi, on me dit que sur scène je suis mou."
L'étiquette d'humoriste déprimé, pourtant, ne lui convient pas. "C'est juste que je n'ai pas ce don-là: sur scène, je suis normal, j'ai des sourires normaux. Et même, je souris plutôt avec les yeux qu'avec la bouche."
En parlant de soi, on peut toucher beaucoup de monde.
Son nouveau spectacle, très introspectif, passe Thomas Wiesel à la loupe. Et c'est une nouveauté. "C'est un sujet que j'avais un peu épargné jusque-là. Peut-être par pudeur, par manque d'idées, par peur qu'on me trouve narcissique. Alors qu'en parlant de soi, on peut toucher pas mal de monde." Même dans la vie privée du tout juste trentenaire, le sujet est d'actualité: "J'ai commencé une psychanalyse en même temps, ça collait au thème."
Si ce travail de thérapie est destiné en première ligne à sa vie privée, il trouve aussi des passerelles vers la scène. "Dans ma psychanalyse, j'essaie vraiment d'être plus en contact avec mes émotions. Du coup, je commence à être plus détendu sur scène, par exemple en discutant avec le public, une chose qui me terrorisait jusqu'à il y a peu", affirme Thomas Wiesel.
Sa psychanalyste, elle, n'a pas encore vu son spectacle. "Si elle vient, est-ce que je vais devoir la payer, si c'est considéré comme du travail? Je ferai peut-être un spectacle plus court ce soir-là, parce qu'elle est payée à l'heure", rigole-t-il.
"J'avais l'overdose"
Avant de remonter sur les planches avec son nouveau one-man show, l'humoriste a pris une pause de trois mois hors des radars médiatiques. "J'avais l'overdose", raconte-t-il. "La Suisse est un petit monde médiatique, on est facilement trop présent. J'avais besoin de recharger les batteries à la fois physiques et psychologiques - j'avais l'impression de ne plus rien avoir à dire. Faire autre chose - rien en l'occurrence - m'a permis d'avoir envie de revenir."
Son type d'humour, qui doit beaucoup à l'art américain du "roast" consistant à faire des blagues méchantes sur les gens, choque parfois "parce que pas très suisse", admet Thomas Wiesel. "En Suisse, on a une espèce de bonhomie, de bienveillance, et le monde médiatique est tellement petit qu'on se croise tout le temps. C'est peut-être la liberté que je prends par rapport à ça qui étonne. Mais je ne le vois pas comme du courage. C'est juste mon métier."
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Katharina Kubicek
"Ça va", le nouveau spectacle de Thomas Wiesel, sera en tournée du 26 février au 15 mai en Suisse romande.