Une oasis dans un désert annoncé. Au terme d'un été archi-sec côté manifestations culturelles avec les annulations en cascade de tous les festivals de musique, les spectacles de plein air et autres manifestations populaires, il sera peut-être le premier à lancer l'après-coronavirus culturel. A Genève, le Festival de la Bâtie marque traditionnellement la rentrée des arts de la scène. Théâtres et lieux de spectacles romands ouvrent leur saison juste après ou en collaboration avec la manifestation lémanique.
Avec des dates annoncées du 28 août au 13 septembre 2020, artistes et organisateurs ont de quoi être raisonnablement optimiste quant à l'existence du Festival: "Nous avons une chance. Alors que les autres manifestations sont dans une dynamique d'annulation, nous pouvons continuer à construire notre festival", souligne son directeur Claude Ratzé interrogé par la RTS.
Cette 44 édition de la Bâtie ne risque toutefois pas de ressembler aux précédentes. A la rentrée, les mesures sanitaires seront encore à l'ordre du jour. Ce qui signifiera certainement des jauges de salles adaptées, des mesures particulières et des choix quant aux propositions artistiques réalisables ou pas.
Un festival post-confinement
Du théâtre ou de la danse durant laquelle chacune et chacun se touche ou se murmure à l'oreille? Du clubbing avec une foule compacte qui danse épaule contre épaule? Pas sûr que cela soit encore possible. Autre problématique avec laquelle doivent actuellement jongler la Bâtie et son équipe de programmation: les frontières seront-elles pleinement ouvertes? "Tous les pays n'ont pas le même calendrier en matière de gestion de crise. Les différences sont sanitaires, mais aussi politiques", répond Claude Ratzé qui songe au volet international de sa programmation. L'an passé, la Bâtie accueillait ainsi le compositeur américain Philipp Glass, le metteur en scène libano-canadien Wajdi Mouawad, les circassiens franco-catalans de Baro d'Evel ou encore le jazzman anglais Soweto Kinch.
Se pose également la question du Grand Genève: existera-t-il pleinement à nouveau à la rentrée 2020. La Bâtie a une vocation transfrontalière, proposant ses spectacles de Divonne à Annemasse en passant par Annecy. Actuellement, la plupart des passages de douanes sont bloqués par des barrières de béton.
La programmation pourrait être annoncée comme prévu en juin. Et si la situation épidémique peine à s'améliorer ou venait à se péjorer, la Bâtie ne dévoilera son offre qu'à la mi-août. Et du côté des milieux romands de la danse, du théâtre et de la musique, on retient son souffle en méditant la désormais fameuse phrase de notre Conseiller fédéral Alain Berset: aussi vite que possible, aussi lentement que nécessaire. Presque une indication chorégraphique pour une future performance.
Thierry Sartoretti/ld