La tension est grande entre exigence sanitaire et exigence artistique. Jusqu'où peut aller le principe de précaution sans tuer l'âme des spectacles vivants?
Un rapport remis à Emmanuel Macron préconise des pistes sanitaires drastiques. Il est accueilli avec beaucoup de scepticisme par les professionnels car en matière de convivialité et de complicité qui peut naître dans une salle de théâtre ou de concert, il faudra avoir le coeur bien accroché.
Un privilège et non pas une contrainte
Public masqué, deux sièges vides entre chaque spectateur - sauf pour les personnes d’un même foyer-, absence d’entractes ou alors avec marquages au sol pour respecter les deux mètres, voilà quelques-unes des recommandations du rapport dirigé par l’infectiologue François Bricaire et remis au président français.
Une vision du spectacle irréaliste selon Jean-Marc Dumontet, propriétaire de six salles à Paris dont Bobino et le Théâtre Antoine. "Il y a deux impératifs à conjuguer, le sanitaire et l'artistique. Les mesures de distanciation qui seraient mises en place ne traduisent pas à mon sens l'ambiance qui doit régner dans une salle. Aller au spectacle doit être un privilège, et non pas une contrainte. Si vous passez votre soirée à épier votre voisin qui tousse, si vous êtes à deux mètres de distance dans une salle aux trois quarts vide, cela ne participe pas à l'esprit de partage et de communion qui doit régner au spectacle."
Test sérologique
Même de l’art scénique est remis en cause. Le rapport prône la distanciation physique entre comédiens. Pour qu'une scène romantique puisse être jouée, il faudrait ainsi que les acteurs passent au préalable un test sérologique.
Ce casse-tête des conditions sanitaires dans les salles se pose aussi en Suisse, avec des recommandations encore floues. La saison prochaine, c'est sûr, le théâtre de l'absurde sera à l'affiche.
Alexandre Habay/mcm