"Fermez les yeux, respirez profondément et concentrez-vous sur votre respiration, rien que sur votre respiration…". Assis sur mon fauteuil de bureau improvisé à domicile, me voici avec une vingtaine de personnes embarqués dans une séance de méditation collective via visio-conférence. La séance va durer une trentaine de minutes, un moment qui va me sembler hors du temps et surtout du quotidien.
De l'autre côté de la caméra, on trouve Perrine Valli, chorégraphe et danseuse bien connue des scènes romandes et internationales. La Genevoise est accompagnée par sa sœur, Pauline. Chacune menant à tour de rôle cette séance.
La respiration est un mouvement
Un jour, une danseuse m'expliquait qu'une simple respiration, c'était déjà un mouvement et que tout mouvement était immédiatement une danse. Comment et surtout pourquoi une chorégraphe à la carrière remarquable et remarquée devient-elle coach de bien-être rythmant d'une voix douce et persuasive la respiration d'une vingtaine de personnes inconnues? "J'ai toujours été passionnée par les questions liées au cerveau et à nos émotions. Je suis passionnée depuis des années par les neurosciences et les questions de santé", note la Genevoise dont le dernier spectacle "Cloud" explorait avec des adolescents la question de la réalité virtuelle et des injonctions que nous adressent les algorithmes des sites internet.
Peu avant l'éclosion de la pandémie, la chorégraphe avait ouvert à Genève avec la complicité de Denis Inkei son "Mind Center", distribuant conseils et écoute tout en poursuivant sa carrière de danseuse. "Dans le contexte de tension actuel, il me semblait normal d'offrir un peu de respiration aux gens avec ces séances ouvertes du lundi".
Projet chorégraphique virtuel
L'arrêt des tournées, la fermeture des théâtres comme des espaces de répétition ont-ils marqué la créatrice du spectacle "Une femme au soleil", extatique ode dansée au peintre Edward Hopper? "Oui, comme tout le monde. Mais j'ai la chance d’avoir une créativité plutôt débordante. Que je sois dans mon salon sur mon tapis de yoga ou dans une salle de répétition, la création se passe dans ma tête. Je n'ai pas besoin de pouvoir à tout prix me déplacer ou voyager".
Alors que les salles de spectacles élaborent encore mille et un plans sanitaires et logistiques pour être à même d'accueillir public, artistes et personnel technique, Perrine Valli réfléchit déjà à un projet purement virtuel. Un projet qui ne s’embarrassera pas des questions de distances sociales en migrant sur le net. Une chorégraphie collective dont vous serez peut-être les protagonistes.
Thierry Sartoretti/olhor