Le théâtre de la Comédie de Genève est, comme tous les autres, à l'arrêt depuis de nombreuses semaines. Mais la situation se révèle encore un peu plus compliquée pour son équipe qui devait débuter la saison prochaine dans de nouveaux murs, aux Eaux-Vives. Le projet était à bout touchant, le chantier en pleine effervescence et les annonces pour enrichir l'équipe déjà publiées quand l'arrivée du Covid-19 est venu tout chambouler, et tout arrêter.
Pour l'équipe de la Comédie, il s'agit d'une double peine: non seulement, elle ne dispose pas de nouveau lieu mais elle a dû prendre congé de l'ancien théâtre de la rue des Philosophes avant sa fermeture définitive, sans pouvoir lui dire "au revoir" de manière sensible.
Le sens des responsabilités
Pour autant l'équipe ne chôme pas. "Nous sommes devenus les scénaristes de l'impossible. Nous envisageons toutes les hypothèses. Notre objectif principal, au delà de l'ouverture de la nouvelle Comédie, est de maintenir les projets artistiques. Nous devons être garants de la parole donnée aux artistes qui comptent sur ces spectacles pour vivre ou survivre. Tout un écosystème dépend de nous", dit Natacha Koutchoumov, co-directice de la Comédie de Genève.
En attente de réponses concrètes
Même si le 8 juin, les manifestations privées et publiques réunissant jusqu'à 300 personnes seront à nouveau autorisées comme l'a annoncé mercredi après-midi le Conseil fédéral, le temps perdu ne se rattrape pas. Les répétitions, par exemple, auront été quasiment impossibles pendant près trois mois. "Les normes sanitaires actuelles empêchent l'acte créatif sauf pour les spectacles minimalistes. Si on compare notre situation avec celle des restaurants, ne pas pouvoir répéter, c'est comme ne pas pouvoir faire la cuisine. On attend des réponses pour que le Fonds d'indemnisation soit réévalué et que la réduction de l'horaire de travail (RHT) soit aussi applicable au secteur culturel subventionné. Nous sommes solidaires des artistes et des autres théâtres de cette ville", poursuit la co-directrice.
Une nouvelle saison encore en suspens
La construction du bâtiment ayant pris du retard et la prise en main d'un nouveau lieu nécessitant un temps d'adaptation, il est certain que la nouvelle Comédie ne s'ouvrira pas en septembre. Peut-on alors imaginer une nouvelle saison dans les anciens locaux? L'idée fait partie des nombreux scénarios envisagés. "Tout dépend dans quelles conditions" conclut Natacha Koutchoumouv.
Propos recueillis par Agnès Wutrich
Adaptation web: mcm
Tous les théâtres n'ouvriront pas le 6 juin
Les théâtres vont pouvoir rouvrir le 6 juin. Mais tous ne le feront pas, annonce d'emblée Thierry Luisier, secrétaire général de la Fédération romande des arts de la scène (FRAS) mercredi à l'issue de la conférence de presse du Conseil fédéral sur la 3e phase de déconfinement. Le mois de juin représente la fin de la saison pour beaucoup d'entre eux.
"Nous sommes ambivalents, a relevé pour sa part Khany Hamdaoui, comédienne et directrice du théâtre Montreux Riviera, sur les ondes de la RTS. Qu'allons-nous présenter puisque les spectacles que nous pouvons proposer ne respectent pas pour la plupart les règles sanitaires? se demande-t-elle.
Avec cette possibilité de réunir 300 personnes dès le 8 juin, des festivals de théâtre en plein air pourraient revenir sur leurs décisions et faire de nouvelles propositions, avance toutefois le secrétaire général. D'autant plus que le Conseil fédéral devrait annoncer un nouvel assouplissement dans 15 jours permettant des rassemblements allant jusqu'à mille personnes.
Avec la fin de l'état d'urgence le 19 juin, la Confédération repasse la main aux cantons. "Les théâtres retrouvent ainsi leurs partenaires habituels, c'est-à-dire les communes et les cantons", a poursuivi le secrétaire général. Il espère toutefois qu'il y aura une coordination entre les cantons pour éviter une trop grande cacophonie.