Adieu France, Japon, Italie! On se reverra plus tard. Le Béjart Ballet Lausanne (BBL) ne tourne provisoirement plus pour cause de pandémie. Entre les quarantaines des uns et les frontières fermées des autres, la situation est impossible pour un ensemble d'une telle taille. En attendant des lendemains qui dansent, le BBL a trouvé son "Plan B". B comme bâtiment. Il dansera désormais aussi chez lui, à domicile. Dans une nouvelle salle aménagée pour 110 spectateurs dûment masqués.
Programmation in situ
Ce Béjart Ballroom se trouve à Lausanne, chemin du Presbytère. Dans des locaux de la compagnie que l'on reconnaît à peine. Repeints en bleu et surtout agrandis. Largement agrandis. Danseuses et danseurs bénéficient aujourd'hui de nouveaux locaux de répétition, d'un fitness, de salles de visionnement, de nouveaux locaux techniques et de ce grand plateau à même d'accueillir ponctuellement des spectateurs. On nous promet une programmation in situ dès la mi-septembre. On y verra des extraits d'œuvres, des travaux en cours, voire des petites pièces du chorégraphe Gil Roman, maître des lieux depuis le décès de Maurice Béjart en 2007.
Spectacles au chapeau
Prix d'entrée? Libre avec un chapeau à la sortie. A votre bon cœur M'sieur Dames? On se rassure, le BBL n'a perdu ni prestige ni prestance. Le prochain spectacle officiel se tiendra du 2 au 11 octobre à l'Opéra de Lausanne avec la dernière création de Gil Roman, "Basso Continuum", et une pièce du répertoire béjartien, "Les sept danses grecques". Seul bémol, l'école de danse Rudra, abritée au sein du BBL doit repousser sa rentrée à l'an prochain. Impossible d'accueillir des élèves internationaux dans les conditions actuelles.
Thierry Sartoretti/ld
Rachat du bâtiment et convention renouvelée
Alors que les artistes se serrent la ceinture en cette période de disette, comment le Béjart Ballet Lausanne (BBL) est-il parvenu à inaugurer ce chantier au timing idéal? Grâce à une manière toute lausannoise et pragmatique de planifier et de diriger la culture. Principal vaisseau culturel lausannois avec l'Opéra et le Théâtre de Vidy, le BBL est au bénéfice d'une convention de subventionnement de la Ville de Lausanne. Elle vient d'être renouvelée pour trois ans et un montant global de 5'270'000 francs.
Par le passé, le BBL a connu des saisons fastes et bénéficiaires. Plutôt que de réclamer l'argent en sus ou baisser la subvention en fonction des recettes excédentaires, la municipalité a préféré laisser le BBL constituer un bas de laine: 1,2 millions de fonds propres ont ainsi permis au Ballet de racheter son bâtiment à la Fondation du Palais de Beaulieu et de compléter les quelque 5 millions nécessaires pour cette opération immobilière et architecturale avec des prêts bancaires et le soutien de mécènes, principalement la Loterie romande, les fondations Sandoz et Leenaards, ainsi que la Fédération patronale vaudoise. Ainsi, au final, Lausanne n'a pas eu à débourser de crédit extraordinaire pour cette rénovation. Et le Béjart Ballet Lausanne a les coudées franches dans ses propres murs.