Tous les 31 décembre, des millions de téléspectateurs s'installent devant leur téléviseur pour regarder les émissions humoristiques qui passent en revue les événements qui ont marqué les douze derniers mois. Le ton se veut mordant, souvent satirique.
L'équipe de la populaire émission radiophonique "À la semaine prochaine", diffusée sur ICI Radio-Canada Première, présente chaque semaine sous forme de sketchs, d'imitations et de chansons une revue humoristique de l'actualité. Le soir du 31 décembre, "À la semaine prochaine" devient "À l'année prochaine" et est aussi diffusée à la télévision. Il s'agit de l'épisode le plus écouté de l'année. Mais cette année, en raison de la pandémie, l'animateur croit que l'émission hérite d'une mission sociale.
"On n'a même pas le droit de se voir; ni à Noël, ni au jour de l'An. Alors moi j'ose croire que le 31 décembre, il va y avoir beaucoup de personnes qui vont regarder leur télévision pour se détendre, pour se distraire, pour être accompagnés par quelqu'un", explique Philippe Laguë, présentateur, auteur et réalisateur de l'émission.
Etre drôle et rassembleur
Dans un studio de Radio-Canada, une équipe est en plein tournage pour une autre émission rétrospective de l'année intitulée "Bye Bye", une tradition humoristique unique au monde, vieille de 52 ans. Avec plus de 4 millions de téléspectateurs, c'est l'émission la plus regardée de l'année au pays. Mais entre "Bye Bye" et "A l'année prochaine", y a-t-il vraiment place à rire cette année? Le Covid-19 continue d'engendrer d'innombrables drames humains. Pas de doute, la tradition des revues devra faire preuve de délicatesse.
Tout le monde a vécu une année difficile et il y a eu des décès. Des gens ont perdu des entreprises, toutes sortes de situations sont vraiment tristes difficiles. C'est sûr qu'on ne veut pas arriver avec le 'Bye Bye' le plus corrosif depuis 50 ans, ce n'est pas ça le but. On veut vraiment faire un 'Bye Bye' drôle et rassembleur.
Evidemment, le confinement est une source d'inspiration pour les humoristes. Ils éviteront cependant cette année de se moquer des personnes âgées qui ont été largement victimes du Covid. Une attention particulière sera donnée au personnel médical et au choix des mots, pour ne pas plomber l'atmosphère. Malgré ces contraintes, le souhait demeure de créer un moment de réjouissance pour tous. Parce que face au marasme de 2020, le rire est peut-être l'arme ultime pour garder espoir.
Valérie-Micaela Bain (Radio Canada)/ld