Un festival des arts de la scène sans streaming en janvier 2021. Oui, c'est possible. Enfin, presque. Du streaming, il y en aura bien un peu parmi les dix propositions du Go Go Go en les murs du Théâtre du Grütli. Mais promis, ce n'est pas du streaming passif.
Depuis une semaine, le Théâtre du Grütli est une ruche bourdonnante de techniciennes et techniciens. On y monte, on y cloue, on y peint et on y câble: décors, panneaux, installations et ordinateurs du théâtre, tous réquisitionnés pour créer une sorte de centrale informatique prête à jouer en live. Sous la conduite de l'artiste genevois Simon Senn, chacun chacune a imaginé une manière de détourner les moyens techniques et les plateformes numériques. Quelques exemples: des installations à visiter en extérieur guidé par son portable, des conversations personnelles entre une artiste et vous, de la cartomancie à domicile ou à distance ou encore des balades sonores avec casque d'écoute…
Ce Go Go Go a un parfum de résistance et de résilience. Le coronavirus n'aura pas la peau des arts de la scène et les deux co-directrices du Théâtre du Grütli, Barbara Giongo et Nathaly Sugnaut Hernandez, ont tout accompli pour maintenir cette deuxième édition du festival. La manifestation se veut expérimentale? Cette crise sanitaire est le meilleur des aiguillons pour expérimenter.
Suivez les guides
Une fois connecté (gratuitement) sur le site du théâtre, on découvre deux animatrices dans un foyer virtuel. Elles nous pilotent dans les différentes salles abritant des spectacles. Le public choisit ce qui lui plaît et découvre aussi des visites en coulisses et des apartés.
Tenté par l'excellente création "Be Arielle F" de Simon Senn, coup de cœur théâtral de la RTS en 2020? Vous rejoignez une conférence Zoom où l'artiste vous présente son avatar informatique féminin et vous raconte l'histoire assez folle d'un achat de corps virtuel. Clou de "Be Arielle F", la rencontre en ligne avec le modèle en chair et en os qui a servi d'avatar. Oui, il y a des corps et des âmes derrière les robots de l'internet. Le découvrir est assez vertigineux. A la fin du spectacle de Simon Senn, tout le monde dialogue en direct. Cerise sur le gâteau, le spectacle est donné en simultané pour un public romand et pour les spectateurs d'un festival sis à Düsseldorf.
Vous préférez une autre proposition? "Autoshow" d'Antoine Zivelonghi et Joel Hefti vous invitent à choisir: regarder le spectacle à distance ou y participer en compagnie des artistes sous forme… d'avatar. Nous voici proches du monde du jeu vidéo. Pour que tout ce micmac technologique fonctionne, il faut une centrale d'aiguillage et… du langage des mains. Lorsque l'on doit signaler ses préférences sur un écran qui affiche des dizaines de spectateurs, il faut adopter des mouvements façon sémaphore.
Thierry Sartoretti/ld