Quel contraste! A Lausanne, la danse évolue dans les pages des fait divers, le Béjart Ballet et son école Rudra bondissant d’une affaire de harcèlement à des audits et licenciements. A Genève, au même instant, le Grand Théâtre gonfle la poitrine et se lance dans un pas de deux prometteur. Son directeur Aviel Cahn a annoncé jeudi la nomination de Sidi Larbi Cherkaoui, "figure phare de la danse". Il voulait un artiste et un créateur capable de "jouer tous les vocabulaires de la danse".
Le célèbre chorégraphe belge reprend la direction du Ballet du Grand Théâtre en remplacement de Philippe Cohen. Ce dernier prend une retraite méritée après 19 années passées au sein de la maison genevoise.
Sidi Larbi Cherkaoui, 45 ans, n’est pas un inconnu à Genève où il a déjà créé un "Pelléas et Mélisande" avec la plasticienne et performeuse Marina Abramović la saison passée. Ses chorégraphies "Loin", "Exhibition" et "Fall" ont été également à l’affiche du Grand Théâtre.
Une cinquantaine de chorégraphies à son actif
Au-delà du prestige du nom, avec Sidi Larbi Cherkaoui, l'institution engage un artiste à l’aise dans tous les domaines du spectacle: qu’il s’agisse de danse contemporaine, d’œuvre de ballet classique, de comédie musicale, de tango ou d’opéra.
Cet ancien élève de l’école belge P.A.R.T.S (fondée par Anne Teresa de Keersmaeker) et des Ballets C de la B (Alain Platel) compte une cinquantaine de chorégraphies dans son parcourt et de nombreux opéras sur les scènes d’Europe. Sidi Larbi Cherkaoui reste par ailleurs artiste associé au Sadler’s Wells Theatre de Londres, ceci depuis 2008.
Le Grand Théâtre profite des expériences belges de son directeur Aviel Cahn, venu de l’Opéra des Flandres qu’il a dirigé de 2009 à 2017, avant de revenir en Suisse. C’est ainsi que Luk Perceval, Anne Teresa de Keersmaeker ou encore le Suisse Milo Rau (actuel directeur du théâtre de Gand, le NT Gent) et enfin Sidi Larbi Cherkaoui se succèdent sur la scène de la place Neuve depuis l’arrivée d’Aviel Cahn. Un axe helvético-belge qui a réveillé un opéra assoupi sous la direction précédente. Tant mieux pour le spectacle et l’art lyrique.
Thierry Sartoretti/olhor