Le festival Belluard-Bollwerk renaît au monde sur les remparts de Fribourg

Il y a des lieux qui marquent les esprits. Mieux, ils inspirent. Prenez la forteresse du Belluard. Ses murailles moyenâgeuses, sa cour circulaire dominée par une galerie où l’on guette encore les fantômes des hallebardiers. Un lieu pareil est taillé pour jouer Macbeth. C’est un rêve de théâtre. Et ça tombe bien, Fribourg l’a parfaitement compris et offre cet écrin d’exception depuis trente-huit ans au festival Belluard-Bollwerk.

Belluard-Bollwerk. En deux langues. Ses murailles marquent une ancienne frontière linguistique et ce festival à l’esprit ouvert aux quatre vents a décidé depuis longtemps de relier les cultures, les langues et les publics et de transformer ces remparts en rampes de lancement. Il y a donc de la musique, du théâtre, de la danse, de la performance au Belluard-Bollwerk. Plus tout ce qui ne porte pas d’étiquette ou se pique de sauter à pieds joints sur les définitions.

Première vraie saison pour la directrice Laurence Wagner

L’an passé, le festival avait dû jongler entre écrans d’ordinateur et brèves fenêtres d’ouverture sanitaire. Oublions 2020, voici la première et véritable édition de sa nouvelle directrice Laurence Wagner. Un esprit curieux qui adore découvrir une ville en marchant. Ça tombe pile, les remparts du Belluard-Bollwerk permettent la déambulation, le passage d’une scène à l’autre tout en se prenant pour une sentinelle d’Hamlet.

Et pour les lieux inspirants, il y aura des flèches, des Jeanne d’Arc et des forts tunés (ou Fortunée) dans cette édition 2021. Avec artistes en chair et en os. Avec public de même. Les jauges se limitent pour l’instant à 100 personnes, mais le Belluard-Bollwerk se déployant entre juin et juillet, il n’est pas impossible qu’il profite des nouvelles opportunités post-pandémies.

A voir et écouter, le clip "La Money" de Pearly qui sera présente au Belluard-Bollwerk:

La carte de la découverte

Qui verra-t-on dans cette édition du festival? Les noms ne vous diront pas grand-chose et c’est normal. Le Belluard-Bollwerk a toujours joué la découverte. Allez-y et dans dix ans, vous pourrez vous dire que c’est là, et nulle part ailleurs, que vous avez vu pour la première fois les débuts d’un futur mythe artistique. Il est bon cette année d’avoir à nouveau des nouvelles du monde, du large.

Avec des artistes d’Australie, de la banlieue parisienne, d’Italie, du Chili, du Brésil, d’Algérie et bien sûr de Suisse. Autant de visions artistiques différentes et ce constat que la création contemporaine peut aussi être populaire et festive dans un cadre propice comme celui du Belluard-Bollwerk.

Jetez un œil et une oreille sur le programme. Vous y trouverez notamment les rêveries orientales de Pier, alias de la Lausannoise Laure Betris, alias Kassette, le tendre raï love de Mohamed Lamouri, belle voix du métro parisien, l’énergie frondeuse et rap de la Souterraine avec Pearly, Angie, Turtle White, Yelsha et Zeyna ou encore la danse revenue aux sources africaines de la Brésilienne Ana Pi. Et ces quatre valent déjà le détour par Fribourg.

Thierry Sartoretti/aq

Belluard-Bollwerk, du 24 juin au 3 juillet 2021, Fribourg.