Le festival Transforme se tient cette année dans la zone industrielle de Carouge, près de Genève. Parmi les têtes d'affiche de cette manifestation dédiée au hip-hop figurent Doria et Josman, des artistes francophones très populaires auprès des moins de 25 ans, mais aussi de jeunes talents suisses comme Dark Queen, rappeuse d’origine sri lankaise qui mélange hip-hop et influences tamoules.
Le concept de la manifestation, lancée par les créateurs du festival Antigel, est double: présenter un panorama vivant de la création hip-hop, tout en mobilisant les métiers de l’apprentissage. Transforme existe en effet grâce à la mobilisation des centres de formation professionnelle et des entreprises formatrices du canton. Les apprentis et les étudiants mettent ainsi leur talent au profit de l'événement selon leur spécialité, par exemple le domaine de la construction ou celui de la communication. Les uns fabriquent des éléments de scénographie, tandis que les autres réalisent des vidéos de promotion. Grâce à eux, la manifestation existe depuis 2018.
Un festival jeune et social
"A l’origine du festival, l’objectif était de montrer que la culture créé un bénéfice social. En l’occurrence, valoriser l’apprentissage et des filières de formation qui n’ont malheureusement pas toujours bonne réputation", explique à la RTS Caroline Grondahl, directrice du festival Transforme. "Ce sont pourtant de très beaux métiers dont on a besoin, autant pour le tissu économique que pour diffuser la culture."
L’autre but du festival, c’est de promouvoir la culture hip-hop et ses valeurs. Pourquoi ce genre en particulier? "C’est la culture des jeunes, et c’est aussi la musique la plus streamée au monde aujourd'hui. Le hip-hop n’est pas une sous-culture. C’est une culture qui a une histoire très forte, et qui a toujours mis en avant des minorités. Nous souhaitons vraiment montrer que le hip-hop fait partie du patrimoine culturel."
Nous veillons à ce que notre programmation soit paritaire.
Lorsqu'on pense au hip-hop, difficile de ne pas penser à certains clichés sexistes. "C’est aussi notre travail de montrer qu'il y a une diversité énorme dans ce genre musical, explique la directrice. On parle de sexisme, mais aujourd'hui il y a énormément de femmes qui font du hip-hop. Je ne suis pas sûre qu'il y ait moins de sexisme dans d’autres musiques comme le jazz, le reggae ou la musique classique. C’est plutôt un problème de société, plus qu'un problème de genre culturel."
Dark Queen, étoile rap montante
Dark Queen figure parmi les rappeuses à suivre de près durant le festival. Son style musical mélange hip-hop, funk, afrotrap et sonorités tamoules. Pour elle, la musique est un moyen de communiquer à travers sa culture: "chez nous, les femmes sont beaucoup moins écoutées. Lorsque je rappe en tant que femme, j’attire du monde et j’exprime mon vécu." Lorsqu’on mentionne Priya Ragu, une autre chanteuse suisse d’origine tamoule qui fait parler d’elle, Dark Queen sourit: "je la connais très bien, j’apprécie ce qu'elle fait. Elle a aussi un style vestimentaire extraordinaire!".
>>À voir, le clip "Hostel Life" de Dark Queen:
Le concert de la jeune rappeuse s’annonce sous les meilleurs hospices, avec une certaine liberté: les festivaliers n’auront pas besoin de présenter de test ou de certificat Covid durant les soirées limitées à 500 personnes. Ils seront autorisés à circuler sans masque et à consommer debout. Seul bémol, danser n’est pas autorisé.
Propos recueillis par Michel Masserey
Adaptation web: Myriam Semaani
Festival Transforme, les 2 et 3 juillet dans la zone industrielle de Carouge (GE).