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Le Festival de la Bâtie vous invite au théâtre "Par les Villages"

Visuel du spectacle "Par les villages", deux textes signés Charles-Ferdinand Ramuz et Alice Rivaz présentés au Festival de la Bâtie. [Festival de la Bâtie]
BONUS WEB: Ramuz et Rivaz à la Bâtie / Vertigo / 5 min. / le 7 septembre 2021
Du théâtre joué sur les places et dans les cours, fermes ou châteaux. "La Folle en costume de Folie" de Ramuz et "Sans alcool" d’Alice Rivaz, deux spectacles vifs aux textes rares à suivre jusqu'au 17 septembre aux environs de Genève.

En 1945, Charles Ferdinand Ramuz écrit: "Les filles coupaient et cousaient; les garçons les regardaient faire en leur racontant des histoires. C’était le bon temps".

"Le bon temps? Le bon temps pour qui? Pour Ramuz? Allez, on va changer la phrase!" dit la jeune comédienne Zoé Sjollema avec sa voix gouailleuse et vive. Nous sommes en 2021, dans la cour du Domaine de la Vigne blanche, à Cologny près de Genève. Une nouvelle peu connue de Ramuz, "La Folle en costume de Folie", est portée au théâtre: voici "Par les villages", un projet lancé dans le cadre du Festival de la Bâtie. Jouer du théâtre partout, dans les cours, sur les places, dans les prés, dans les villages et à la ville. Jouer dehors, lui faire prendre du bon air à ce théâtre, quitte à le faire dialoguer avec les corneilles et les moineaux qui passent au même moment.

Pour faire bon poids et belle soirée, "Par les Villages" propose la découverte d’un second texte, joué le même soir. Celui-là est signé Alice Rivaz, plume trop discrète de la littérature romande du 20e siècle. Pas de machisme dans ce "Sans Alcool", carnet intime d’une demoiselle (comme on disait alors) de 44 ans qui découvre l’émancipation en poussant la porte d’un restaurant végétarien sans alcool, avant de plonger dans les affres d’un licenciement, puis de la misère. C’est la comédienne Barbara Baker qui porte avec finesse et dignité cette voix singulière.

Au pré, entre courges et chevaux

Comment ça marche, le théâtre au village? Prenez un petit camion avec un décor à l’intérieur et quelques chaises pliables. Le camion s’ouvre, le décor se pose où l’on veut de lui. A Cologny, c’est sur l’herbe. Entre le champ de courges et le pré des chevaux. Un cube. Fermé, il évoque la pierre tombée du ciel dans le film "2001, l’Odyssée de l’Espace". Ouvert, le voici transformé en restaurant ou confessionnal, c’est selon sur les indications du metteur en scène Guillaumarc Froidevaux. La femme incarnée par Barbara Baker se raconte. Au fil des épisodes, les panneaux s’ouvrent ou se ferment au gré des bonnes ou des mauvaises annonces.

Dans "La Folle en costume de Folie", ce même cube devient église avec son banc, puis maison forteresse. C’est là que Zoé Sjollema, alias la Folle, attend cet amoureux qui ne vient jamais. Ou alors trop tard et en traître.

La langue de Ramuz est revisitée, multipliée par une robe cousue de malice, de musiques et de capteurs sonores. La metteuse en scène Chloé Lombard a souhaité offrir un Ramuz qui s’adresse au public d’aujourd’hui. Sans folklorisme, sans tricounis sous les semelles. Mission accomplie, cette version captive et semble avoir été écrite la veille. A la fin de la représentation, un cheval piaffe et le gamay coule dans les verres (nous sommes sur un domaine viticole). Ramuz et Alice Rivaz vivent. Le théâtre aussi et c’est tant mieux.

Thierry Sartoretti/ms

"Par les Villages", en tournée jusqu'au 17 septembre 2021

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