Depuis 2013 où elle est apparue, Marina Rollman, lauréate du prix François Silvant en 2014, n'a pas arrêté: chroniqueuse à la RTS, puis sur France Inter, actrice d'une web-série, auteure de spectacles, festivals du rire etc. Depuis quatre ans, elle séduit le public suisse et français avec "Spectacle drôle", son seule en scène plein de finesse qu'elle ne cesse de faire évoluer: "J'aime tester de nouvelles idées, sinon je m'ennuie. Du spectacle initial, il ne reste qu'un quart", dit Marina Rollman sur le plateau du 12h45.
Le 19 décembre néanmoins, son spectacle s'arrêtera après une ultime captation. "Contrairement à d'autres humoristes qui préparent leur spectacle suivant, je vais prendre une petite pause. Il faut aussi vivre pour se renouveler".
Ecrire dans d'autres formats
A l'image de son débit accéléré qui donne l'impression qu'elle n'a jamais le temps, Marina Rollman a trop de passions pour s'incruster, savourer les dividendes de son succès ou jouer "les petits despotes qui peuvent tout faire tout seuls et accaparer tous les applaudissements".
La Genevoise ne souffre pas de solitude, mais a envie de tenter l'aventure du groupe, de composer avec d'autres. Elle rêve d'écrire des scénarios et d'en réaliser certains, à l'image du court métrage qu'elle a tourné début 2021 pour Canal+ dans la série "6x confiné.e.s". Son film, "Gina" racontait l'histoire d'une diva sexagénaire qui trompe sa solitude avec l'infirmier de son mari malade.
La vie est courte, il faut écrire, des romans, des poésies, des pièces de théâtre! Je veux écrire dans d'autres formats, d'autres médiums. Dans le grand boulevard de l'écriture, je n'ai encore essayé qu'une toute petite partie.
L'humour a double tranchant
Curieuse, engagée, féministe, Marina Rollmana n'en abandonne pas pour autant l'humour qui fait partie de son ADN, tout comme l'autodérision qu'elle pratique sans auto-apitoiement. C'est d'ailleurs par l'humour qu'elle fait passer tous ses messages.
"Mais c'est à double tranchant. C'est un bon moyen pour aller vers des interlocuteurs qui, sinon, ne m'écouteraient pas mais c'est aussi source de malentendus: parce qu'on rit ensemble, on croit qu'on est pareil. Combien de fois j'entends des gens me féliciter pour ce que je n'ai jamais dit et que surtout je ne pense pas. Peut-être devrais-je être plus radicale, plus courageuse, plus clivante pour éviter les méprises. Mais c'est mon côté femme et Suissesse, j'aime créer des ponts et j'apprécie la culture du compromis".
La Romandie, un vivier
Bien que Française aussi, Marina Rollman reconnaît qu'être Suissesse à l'étranger a été un atout "parce que ce n'est pas une nationalité inquiétante avec un passé tourmenté cela autorise une plus grande liberté dans le traitement de sujets parfois épineux". D'ailleurs la même fait remarquer que la relève est assurée en Suisse romande, véritable vivier de talents. "La seule chose qui me distingue de mes amis humoristes suisses, c'est la parole. Ils sont plutôt laconiques, alors que moi je suis logorrhéique".
Propos recueillis par Julie Evard/mcm