"Giselle…" pour célébrer la danse avec un grand sourire

Le bonheur porte trois prénoms. Et il a bien de la chance. Il s'appelle "Giselle…", avec trois points de suspension, vous avez bien lu. Comme ça on ne confondra pas ce bonheur-là avec un ancien ballet romantique qui lui ressemble un peu et qui conte les amours funestes d'une jeune qui a trop aimé et trop dansé et se retrouve ainsi spectre chez des créatures nocturnes nommées les Vyllies. De son physique, on connaît surtout ses ailes dans le dos, son teint pâle et sa propension à danser, danser, danser.

Il s'appelle aussi Samantha. Nom de famille Van Wissen. Ce bonheur-là se conjugue avec l'accent roulé et gourmand du néerlandais et les mouvements toniques d'une danseuse d'exception remarquée notamment chez la chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker dans le fameux spectacle "Rosas Danst Rosas", marqueur de la danse contemporaine à tel point qu'il fut plagié par les équipes de la chanteuse Beyoncé. Concernant son physique, on relèvera que la cinquantaine ne signifie en aucun cas une disparition de la scène ou la fin d’une carrière, mais bel et bien un nouveau départ où la parole s'ajoute désormais au geste avec des yeux qui pétillent.

FRANÇOIS GREMAUD "Giselle..." // TEASER from Théâtre Vidy-Lausanne on Vimeo.

Un spectacle ni snob, ni cul pincé

Il s'appelle enfin François. Nom de famille Gremaud. Ce bonheur-ci mélange une forme de candeur, une soif d'apprendre et un plaisir de transmettre. Après avoir écrit et mis en scène une ode malicieuse à la tragédie de Jean Racine ("Phèdre!", qui tourne encore et toujours, rattrapez-le si jamais), le voici qui remet ça avec une sorte de conférence dansée, pièce de théâtre en mouvement ou comédie-ballet, titrée "Giselle…". Citons-la. Voici "une comédienne danseuse qui, prétextant justement de parler de ce ballet – un petit peu, si vous voulez, comme je le fais en ce moment – finit par en raconter, de façon plus ou moins engagée, un autre, considéré, celui-ci, comme l'un des chefs-d'œuvre du ballet romantique". Traduction métaphorique: vous n'aimez pas les brocolis. Et voici qu'une personne formidable vous en parle et vous les cuisine de manière si fine et goûteuse que vous en redemandez une deuxième portion. C'est ça "Giselle…". Et ce n'est ni snob, ni cul pincé, juste extraordinairement généreux, partageur et engageant.

Il paraît que bientôt le bonheur va aussi se prénommer "Carmen.", mais ça c'est une autre histoire – d'opéra - concoctée par François et nous y reviendrons plus tard.

Le bonheur quand il est un instrument de musique, par exemple un violon, une harpe, une flûte et un saxophone, il porte aussi des prénoms: Léa, Tjasha, Hélèna et Sara, lesquelles accompagnent à merveille Samantha sur scène dans ses explications dansées sur les musiques charmantes et désuètes (il faut bien l'avouer) d'Adolphe (Adam) qui orchestra le ballet "Giselle" en 1841 à la demande d'un couple pas piqué des hannetons: la ballerine Carlotta (Grisi) et l'écrivain Théophile (Gautier).

Dans la Genève du 19e siècle, Saint-Jean qui n'était pas encore un quartier urbanisé se souvient de mystérieuses et odorantes fumées de narguilé et de bruit de tables tournantes… Si vous voulez aujourd'hui rendre visite à Carlotta, vous la trouverez sous une dalle très romantique au fond du cimetière de Châtelaine. Mais ça aussi, c'est une autre histoire et nous vous laisserons l'explorer de votre côté.

Le bonheur enfin, se joue dans toute la Suisse romande en tournée et vous auriez tort de le laisser filer.

Thierry Sartoretti/ld

"Giselle..." en tournée: Yverdon-les Bains, Théâtre Benno Besson, le 17 mars; Delémont, Théâtre du Jura, le 20 mars; Vevey, Le Reflet, du 5 au 8 mai; Nyon, Usine à gaz, les 10 et 11 mai; Sion, le Spot, le 21 mai.