"Miranda, reine de quoi?", du théâtre et du cirque pardi!

Il y a des livres qui vous accompagnent une vie durant. La petite Lola a ainsi reçu par la poste son exemplaire de "Miranda reine du cirque". De quoi rêver de roulottes, de chapiteau, de costumes de lumières et d’applaudissements sous les projecteurs. Une autre vie, plus folle et romantique.

Le livre illustré et signé Jo Hoestlandt a planté une graine qui n’aura pas de peine à germer. Il faut dire que le terreau est fertile dans l’entourage de la petite Lola: papa et maman ont cofondé la troupe du Théâtre du Loup, à Genève. On y donne des cours de théâtre pour les enfants et des spectacles sous… chapiteau. Dès quatre ans, la petite Lola porte un masque de souris et arpente la scène dans un spectacle qui va devenir culte au bout du lac: "Recherche éléphants, souplesse exigée".

De Miranda à Lola

Dans le bouquin "Miranda", il est question de transmission, de vocation et de famille. Papa et maman tiennent un cirque, comme leurs propres parents autrefois, et il n’y a aucune raison pour que la petite Miranda ne devienne pas à son tour trapéziste. Quelque chose cloche pourtant. A-t-elle vraiment la vocation? Ou le talent? La question devient d’autant plus critique que le Circo Decrepito (sic) vit des jours difficiles avec un lion qui se fait la malle et une recette un peu plus maigre chaque soir.

La transmission, la vocation, Lola Riccaboni, désormais comédienne adulte issue de la Manufacture, la Haute école romande des arts de la scène, connait ces problématiques comme sa première réplique. Elle a littéralement grandi dans les coulisses d’un théâtre en compagnie de ses parents Rossella Riccaboni et Eric Jeanmonod.

De Cyrano à Miranda

Lola Riccaboni, on a pu la voir en Marianne dans un récent "Cyrano de Bergerac" monté par Jean Liermier au Théâtre de Carouge. Elle a aussi joué pour les metteurs en scène Krystian Lupa ou Alain Françon, tourné en Suisse et en France, tout en jouant régulièrement dans les productions du Théâtre du Loup.

Marque de fabrique de ce lieu sis au bord de l’Arve dans un bâtiment en bois: des spectacles maison qui mélangent les générations, affichent des couleurs chatoyantes, inventent des décors comme des boîtes à malice, jouent de la musique en live et possèdent un esprit proche de la BD ou du dessin animé. Dans un coin de la bibliothèque de Lola, "Miranda" attendait son tour.

Sur un trapèze pour de vrai

Aujourd’hui, la comédienne habite une roulotte pour de vrai. Elle n’est pas devenue circassienne, mais a sué sur un vrai trapèze pour incarner cette Miranda qui l’accompagne depuis l’enfance. "Miranda, reine de quoi?" est devenue spectacle, porté par Lola Riccaboni et tout le collectif du Loup. Dans la distribution, on repère donc papa, maman, la sœur Juliette, le compagnon Janju Bonzon, sa fille et quelques complices, anciens ou tout récents du Loup, dont les excellents Lucie Rausis, Cédric Simon, plus les musiciens Simon Aeschimann et Sylvain Fournier.

Pour transposer un cirque entier sur un petit plateau de théâtre, il fallait l’ingéniosité des équipes du Loup, maîtres dans l’art de l’illusion et du bricolage ludique. "Miranda, reine de quoi?" présente donc numéros d’acrobatie, dressage de fauve, prestidigitation, tempêtes, divinations et autres pantalonnades de clown en plus de nous raconter le destin de Miranda qui finira bien par trouver sa vocation. Et nous notre bonheur devant un tel festival.

Thierry Sartoretti/sb

"Miranda, reine de quoi?", au Petit Théâtre à Lausanne jusqu’au 27 mars au Théâtre du Passage à Neuchâtel le 3 avril et au Théâtre du Jura à Delémont le 9 avril.