Publié

La disparition tragique d'Alessia et Livia portée à la scène à Vidy-Lausanne

Le récit de la mère des jumelles enlevées par leur père est adapté au théâtre
Le récit de la mère des jumelles enlevées par leur père est adapté au théâtre / 19h30 / 2 min. / le 5 avril 2022
Au Théâtre de Vidy-Lausanne, la comédienne Gaia Saitta incarne Irina, la maman des deux fillettes disparues en 2011 à Saint-Sulpice (VD). Elle porte à la scène le texte de la journaliste Concita de Gregorio, dont les entretiens avec la vraie Irina Lucidi ont donné naissance à un roman.

En janvier 2011, Alessia et Livia, deux jumelles de six ans, sont enlevées par leur père à Saint-Sulpice (VD). Un père qui, ne supportant pas que sa femme ait cessé de l’aimer, se suicide après avoir fait disparaître leurs filles, sans laisser de trace. Ce drame effroyable est aujourd’hui au cœur d’une pièce de théâtre à découvrir sur les planches du théâtre de Vidy-Lausanne, "Je crois que dehors c'est le printemps".

Gaia Saitta y incarne Irina Lucidi, la maman des deux fillettes et donne à entendre le texte écrit par la journaliste italienne Concita de Gregorio dans son livre consacré à la tragédie, "Mi sa che fuori è primavera". Seule en scène, la comédienne et co-metteuse en scène s’empare de ce fait divers pour raconter avec pudeur le chemin tortueux d’une femme dans la solitude de la tragédie. Une Médée inversée, dont le Jason aurait fait disparaître les enfants. Une mère qui se bat contre l’insoutenable, une femme qui pense ne jamais pouvoir aimer à nouveau et entreprend malgré tout de se reconstruire une vie, pas à pas.

"Les mots d'Irina sont plein de lumière. Elle ne parle pas de la violence, elle ne s'arrête pas à sa douleur. Elle parle d'après, de comment on fait pour continuer à vivre, à résister. Elle parle de son droit au bonheur. On cherche tous le droit au bonheur", explique Gaia Saitta à la RTS.

Porter la douleur

Aujourd'hui, Irina ne veut toujours pas voir la pièce. Mais elle n'a pas hésité à donner son approbation à la comédienne pour que cette dernière porte son témoignage à la scène. "Elle m'a permis de sortir de ma solitude, de la solitude de cette grande douleur et de m'aider à la porter. Je me suis sentie comme embrassée, comme si quelque chose de plus grand me soutenait. C'est comme si elle portait cette douleur sur elle", dit Irina Lucidi.

Sur scène, pas de pathos, pas de cri. Juste une présence, de l’élégance dans la narration pour porter cette douleur, pour la transcender et l'humaniser.

Sujet TV: Julie Evard , Yves Bussard, Jacques Méry

Adaptation web: mh

"Je crois que dehors c'est le printemps", Théâtre de Vidy-Lausanne, jusqu'au 13 avril.

Publié