Avec "Grand écart" au Théâtre du Train Bleu, Charlotte Dumartheray dirigera le danseur Kiyan Khoshoie dans un solo hybride à la croisée de la danse et du théâtre qui questionne les limites de la pratique artistique: celles du corps, de la dévotion et du pouvoir.
Ruth Childs, une Américaine qui danse pour des chorégraphes romands, interprétera un "Fantasia" dédié aux compositeurs classiques qui ont enchanté son enfance. L’auteure Olivia Csiky Trnka sera invitée à lire publiquement un inédit né de sa plume.
Une édition romande
Quatre autres titres, romands encore, complètent le menu. Diplômée de la Manufacture à Lausanne, Coline Bardin évoquera dans "La Mâtrue – Adieu à la ferme" le monde rural en France où elle a grandi. Pour les enfants, le quintet lausannois Prédüm présentera "C’est tes affaires!", une improvisation avec une poupée, un chandelier et un mouchoir.
"C’est tes affaires!" est la troisième production du Petit Théâtre de Lausanne, que Laurence Perez a sélectionné après "1984-2045" et "Hocus Pocus" de Philippe Saire. Ce dernier compte "parmi les grands succès que nous avons connus à Avignon", avait expliqué en mai la responsable de la sélection suisse, Laurence Perez, à Keystone-ATS.
Le pari d'Avignon, depuis 2015
Laura Gambarini jouera seule en scène, sous la baguette de Manu Moser, "The Game of Nibelungen", l’intégralité de l’épopée qui a inspiré le "Ring" à Wagner. Enfin, la "Dédicace" de Romane Peytavin et Pierre Piton dévoilera un juke-box chorégraphique.
C’est en 2015 que Pro Helvetia et la Corodis - Commission romande de diffusion des spectacles - ont fait le pari de la Cité des Papes. En 2016, Laurence Perez lance "Conférence de choses", cette encyclopédie fantasque imaginée par le metteur en scène romand François Gremaud. Depuis, elle s’est jouée près de 400 fois.
Le phénomène se reproduira en 2019 avec "Phèdre!" du même François Gremaud. La même année, le journal "Libération" a consacré trois pages aux artistes suisses sur scène Avignon.
Lutter contre les préjugés
La partie n'était pourtant pas gagnée d'emblée. "Il a fallu lutter contre les préjugés français, considérant la Suisse en matière d'arts comme un pays un peu lisse", reconnaît Laurence Perez. Qui a dû parer à d'autres attaques: "On m'a dit que nous allions présenter la première année tout ce que la scène helvétique avait d'intéressant, mais qu'ensuite le flux allait vite se tarir vu la petitesse du pays."
La sélection suisse a aussi réussi le pari de faire venir des artistes alémaniques dans ce haut-lieu de la francophonie comme le Zurichois Daniel Hellmann en 2016 ou le Bernois Omar Ghayatt en 2017. Bilingues, ils ont joué en français.
ats/mh
76e Festival d'Avignon, du 7 au 26 juillet 2022.
Le Festival d'Avignon démarre dans la joie, avec un oeil sur le virus
Le retour de Serebrennikov, l'ouverture d'une nouvelle salle, des rues noires de monde: le Festival d'Avignon, qui a débuté jeudi 7 juillet, a de quoi se réjouir après deux ans de crise sanitaire, même s'il reste vigilant en raison du rebond épidémique.
"La contagiosité (actuelle) est telle que, dans nos équipes, on a rendu le port du masque obligatoire car on ne peut pas se permettre d'avoir des contaminations", affirme à l'AFP Paul Rondin, directeur délégué du Festival.
L'édition 2022 sera la dernière d'Olivier Py, à la tête du Festival depuis neuf ans, et auquel succèdera le Portugais Tiago Rodrigues. Depuis 2013, il a invité des artistes de différents horizons, avec une importance accordée au côté politique du théâtre, au sens large du terme.
Des artistes comme Kirill Serebrennikov qu'il invite pour la quatrième fois, dans des circonstances particulières: bien que l'idée soit née avant la guerre en Ukraine, le cinéaste et metteur en scène russe, en exil en Europe depuis le printemps, va faire jeudi l'ouverture avec "Le Moine Noir" de Tchekhov dans la Cour d'honneur du Palais des papes, lieu emblématique du festival. Serebrennikov avait fait récemment une apparition remarquée --et contestée par des Ukrainiens-- au Festival de Cannes, où il a présenté son film "La Femme de Tchaïkovski".
En signe de solidarité avec l'Ukraine, Olivier Py se produira, en guise d'adieux, avec les Dakh Daughters, groupe punk venu de Kiev, dans son spectacle "Miss Knife".
Le festival fait également la part belle cette année au Moyen-Orient, avec l'Iranien Amir Reza Koohestani, un autre habitué, des poétesses arabes et des artistes libanais.
Et pour les amateurs des spectacles fleuve -une tradition du festival-, le dramaturge Simon Falguières propose "le Nid de Cendres", une épopée de 13 heures, avec quatre entractes et deux pauses.
afp