1970. C'est la date de fondation du Théâtre de la Poudrière. Peut-être un record de longévité pour une compagnie de théâtre indépendante suisse. On ne voit guère que les Alémaniques Mummenschanz pour prétendre à ce podium de l'endurance artistique et de la ténacité.
Cette saga se traduit par une cinquantaine de spectacles créés sur les berges du Lac de Neuchâtel, de "L'attrape nigaud" à "L'âme et le geste", le tout dernier né, présenté ce week-end au Festival MarionNEttes avec, en récitant, Albert Marcoeur, musicien légendaire et hors-normes apparu lui aussi sur les braises de Mai 68.
Apprendre en créant
A regarder les photos des spectacles passés, un constat s'impose. En un demi-siècle, l'équipe de la Poudrière aura exploré toutes les formes possibles de la marionnette et du théâtre d'objet: de la créature à fils au jeu de lumières, de la chaise animée à la poupée géante en passant par des installations proches de l'art contemporain ou des marionnettes à tringle venues du fond des âges. Les histoires contées auront été populaires, délicieusement décalées, abstraites, destinées aux seuls adultes ou adressées à un jeune public.
L'histoire de la Poudrière, c'est un résumé de la formidable étendue et inventivité du théâtre de marionnettes. "On continue d'apprendre en créant", note le scénographe Pierre Gattoni qui signe "L'âme et le geste" en compagnie du musicien expérimentateur Julien Baillod.
Vitrine de la créativité marionnettiste
"L'âme et le geste" ouvre le festival MarionNEttes. Tous les deux ans, ce festival se veut la vitrine de cette créativité marionnettiste. Sa directrice Corinne Grandjean se trouve aussi à l'origine de cette même compagnie de la Poudrière. A Neuchâtel, on aime la marionnette avec une vingtaine de spectacles proposés dans une dizaine de lieux répartis dans tout le canton.
Le Festival, vingt ans cette année, a ses chouchous historiques: le Français Pierre Meunier, formidable saltimbanque existentialiste présent avec "Sans arrêt", ou encore l'Australien Neville Tranter qui revient avec "Babylon". Neuchâtel fait aussi figure de carrefour entre les mondes marionnettistes français et germaniques, proposant nombre de découvertes et de premières. On ne va pas vous détailler le programme ici, bien trop foisonnant pour être résumé. A vous de vous plonger dans l'offre et de choisir en fonction des esthétiques, des techniques, des thèmes abordés et des promesses de dépaysement.
Thierry Sartoretti/ld
Festival MarionNEttes, Neuchâtel, jusqu'au 6 novembre.