À Genève, le théâtre de Carouge parle de sa meilleure saison depuis 15 ans. Certains soirs, il faut même s'inscrire sur une liste d'attente.
"En janvier, quand on a rouvert le nouveau théâtre, je n'en menais pas large! Je n'étais pas sûr que les gens allaient venir", a confié son directeur Jean Liermier mardi dans La Matinale de la RTS.
"Il y a une force au théâtre (...) qui est de l'ordre du besoin et de la nécessité. Les gens piaffaient un peu comme des arcs bandés pour pouvoir réinvestir ce lieu de partage et de convivialité", s'est-il enthousiasmé, évoquant même des "gens prêts à en découdre pour rentrer et voir un spectacle".
Les gens piaffaient un peu comme des arcs bandés pour pouvoir réinvestir ce lieu
Toujours à Genève, la Comédie a quadruplé ses ventes d'abonnements, passant de 500 à 2000 abonnés. Excellente fréquentation aussi au Crochetan à Monthey, où les salles sont remplies à 90%.
C'est la même chose dans les cinq principaux théâtres du canton de Neuchâtel, révélait Arcinfo la semaine dernière.
Changements d'habitudes?
Alors que Vidy retrouve gentiment des chiffres comparables à 2019, le bilan est plus contrasté à Morges, au Théâtre de Beausobre. A Bulle, le CO2 peine à se remplir. La fréquentation a baissé de 25% par rapport à 2019 et le déficit frôle les 100'000 francs. La situation est même jugée inquiétante par son directeur artistique Dominique Rime. Il craint que certains fidèles abonnés n'aient changé leur mode de vie et décidé de venir au coup par coup, voire plus du tout.
"Le prix des places est pourtant le même qu'avant la pandémie... c'est difficile à expliquer", remarque-t-il. Il évoque la piste de la concurrence ou de la saturation en spectacles en cette période post-Covid, beaucoup d'entre eux n'ayant pas pu tourner durant deux ans.
Public rétif au risque
Comment expliquer ces différences de fréquentation? Les spectacles un peu plus expérimentaux ou risqués, sans valeurs sûres, peinent un peu plus à se remplir, a constaté la co-présidente de la Fédération romande des arts de la scène Isabelle Matter.
"Le public ne s'aventure peut-être plus comme ça, il a besoin d'avoir plus d'assurances et prend moins de risques en sortant", avance-t-elle.
La pandémie a également modifié certaines pratiques, à l'instar des réservations, que les spectateurs effectuent désormais souvent à la dernière minute.
Sujet radio: Emilien Verdon
Adaptation web: Vincent Cherpillod