"C’est dans les endroits qui ne sont pas drôles qu’il faut mettre de l’humour", affirme Thomas Wiesel, interrogé par la RTS à propos de son nouveau spectacle "Thomas Wiesel travaille". "Les travailleurs et travailleuses sont de moins en moins heureux au travail et je trouvais intéressant de me pencher sur ce domaine." Un changement radical de sujet après "Ça va.", son précédent spectacle datant de 2021. Ce dernier se concentrait en effet sur la vie de l’humoriste.
"Dans 'Ça va', j’ai beaucoup parlé de moi. Je n’ai pas grand-chose de nouveau à dire, c’est surtout moi que mon nombril intéresse!", lance Thomas Wiesel. L’idée d’un spectacle humoristique sur le monde du travail lui vient pendant la crise du covid, durant laquelle il se pose des questions sur son métier d’humoriste. "On m’a tout de même remis le prix de la SSR l’année durant laquelle les spectacles ont été annulés! Je me suis demandé s’il était bon signe d’être récompensé pour mon travail alors que je ne travaillais pas."
Les enjeux du monde du travail
Malgré son statut d'indépendant, Thomas Wiesel s’intéresse à de nombreuses thématiques autour du monde du travail. Son spectacle rit de tout, des salaires à la fatigue en passant par le sens des métiers et l’intelligence artificielle.
Une critique d’un monde qui ne pardonne pas: "J’ai énormément de chance. J’exerce un métier que j’aime et je suis mon propre patron, donc je peux décider de pas mal de choses pour améliorer mon quotidien. Cependant, je ressens de la frustration quand je vois que nous ne remettons pas en question des choses que nous faisons depuis un siècle. En Suisse, nous battons des records de plein emploi, mais les différences salariales s’accentuent. Personne ne fait rien. J’ai l’impression que nous pourrions nous permettre de travailler beaucoup moins et beaucoup mieux, sans que cela n’ait un réel impact sur l’économie."
Même s'il n'évolue plus dans le monde professionnel salarié, Thomas Wiesel n'invente pas les blagues de son nouveau spectacle à partir de rien. "Thomas Wiesel travaille" aborde aussi l’ancien métier de l’humoriste, comptable jusqu'en 2011. "J’avais 20 ans. Je me suis dit que c’était maintenant ou jamais. Au pire, je me plantais et je retrouverais alors un emploi de comptable." Le jeune homme saute alors le pas, sans regret.
Un sujet parfois délicat
Dans le stand-up, les humoristes tentent souvent de faire réagir le public. Une 'sauce' qui ne prend pas toujours. Thomas Wiesel avoue: "J’ai mis longtemps à le faire. Je ne suis pas quelqu’un de très extraverti. Au début, sur scène, je me réfugiais derrière le texte. Cela ne fait que depuis quelques années que j’apprécie le fait de discuter avec les gens dans la salle."
Et pour son nouveau spectacle? "C’est assez crispant, je n’ai pas encore trouvé la façon de faire pour que le public me parle, car c'est un thème qui peut être lourd. Si les gens souffrent au travail, ils ont envie de se changer les idées en allant voir un spectacle d’humour, pas de parler de leurs soucis. Il y a aussi beaucoup de tabous qui pèsent. De peur d’être jugé par les autres, on ne dit pas forcément qu’on n’aime pas son travail, mais on n’ose pas non plus dire qu'on vit de sa passion. Il faut que je trouve un truc pour que les gens se décoincent un peu", conclut Thomas Wiesel.
Propos recueillis par Pauline Rappaz
Adaptation web: Myriam Semaani
"Thomas Wiesel travaille", en tournée dans toute la Suisse romande jusqu'en juin 2023.