Récemment, les anciennes élèves de la Basel Dance Academy ont révélé les graves humiliations que la directrice de l'académie leur aurait fait subir. Ces dernières auraient principalement concerné le poids des élèves, entraînant chez elles des troubles alimentaires.
D'autres cas ont été signalés à Zurich et Berne, après les accusations touchant des compagnies romandes. Directrice de l'école Danse Académie Vevey, la danseuse étoile Florence Faure dénonce ces pratiques d'un autre temps: "Ce qui se passe en ce moment est nécessaire. On ne parle plus aux gens comme on leur parlait avant. Oui, j'ai subi ce genre de choses, on m'a mal parlé, mais je fais partie des gens qui n'en ont pas souffert. C'était comme ça, c'était normal. Ce n'est qu'avec le recul que je m'en suis rendu compte", raconte-t-elle à la RTS.
Deux écoles concernées à Bâle
La Basel Dance Academy est déjà la deuxième école de danse confrontée à des reproches d'abus à Bâle. L'école de danse du Théâtre de Bâle a été montrée du doigt l'automne dernier. Elle a dû fermer les portes de son secteur professionnel fin novembre en raison des accusations portées contre elle qui l'ont mise en difficulté financière.
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"Il ne faut pas réduire la danse à un lieu de souffrances, estime toutefois la danseuse étoile. Il y a des gens qui n'ont pas évolué, pas compris que taper sur quelqu'un ne le fera pas avancer, que le dialogue est plus important. Ces jeunes, avec leurs parents et accompagnants, doivent avoir le courage de dire non, de porter plainte. Il faut faire confiance à la justice".
Autre cas en Suisse romande
Du côté de la Suisse romande, la compagnie Alias, compagnie de danse contemporaine suisse la plus connue à l'étranger, voit son avenir compromis. Son directeur a été condamné à cinq mois de prison avec sursis pour attouchement sexuel. Il a fait appel auprès du tribunal lausannois qui a jugé l'affaire.
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"Tant pis. On ne va pas continuer à donner de l'argent à une compagnie dont le directeur a des méthodes de travail plus que douteuses", glisse Florence Faure, qui souligne également qu'il y a beaucoup de professeurs formidables capables d'amener les jeunes danseuses et danseurs vers cette excellence indispensable, sans les brutaliser.
Exigences et méthodes d'enseignement
"Il y a l'exigence de la danse et les méthodes d'enseignement. Le questionnement est nécessaire. Mais il faut savoir que le jeune danseur se bat avant tout contre lui-même. Les professeurs ont une exigence au sein d'un cours et les jeunes sont en demande de cette exigence. De même qu'il ne se passe pas une journée sans que je me demande comment les amener plus loin. Car ils savent aussi que leur carrière sera courte. Par exemple on peut danser au ballet de Paris jusqu'à 42 ans, mais les années de maturité intellectuelle et physique ne sont pas très longues. Donc les jeunes danseurs vivent cette urgence et ils veulent cette exigence. Mais celle du travail et de la qualité".
Du côté bâlois, le canton a déjà suspendu sa collaboration avec la Basel Dance Academy. Le département de l'éducation de Bâle-Ville a été informé des accusations d'abus. Il a cherché des solutions avec l'académie de danse, mais n'en a pas trouvé, indiquait aux agences de presse un porte-parole du département.
Pierre Philippe Cadert avec ats