Joseph Gorgoni: "Je suis content d'être encore là pour raconter tout ça"

"Je vais bien", assure Joseph Gorgoni lundi dans La Matinale. "C'est même assez mystérieux. On n'arrive pas à comprendre comment je me suis sorti de toutes ces histoires. Je suis content d'être encore là pour raconter tout ça. C'est une histoire de dingue."

Le comédien a frôlé la mort plusieurs fois depuis les premiers symptômes, fin 2018. Se succèdent une maladie pulmonaire, une transplantation de deux poumons, un Covid grave, un coma de 42 jours et une contamination par un champignon potentiellement mortel…

La chance, son entourage, en particulier son compagnon Florian, sa force de caractère – voir même son "sale caractère" – et son esprit de contradiction l'ont aidé à s'accrocher, explique le Genevois. Et Joseph Gorgoni de citer une dernier ingrédient: l'humour.

"Ça, il faut que je le raconte"

"Je m'en sors avec l'humour. Avec les infirmières, on a beaucoup ri", raconte-t-il. C'est aussi la raison qui l'amène à parler de sa santé devant un public.

"On se retrouve dans des situations qui sont tellement absurdes que je me suis dit: 'Ça, il faut que je le raconte, ce sont des sujets extraordinaires.' Pour des spectacles, on cherche toujours des histoires incroyables à raconter", souligne l'homme de scène.

Même si on avait inventé cette histoire-là, on aurait du mal à y croire

C'est aussi l'amour du public pour son personnage qui le pousse à remonter sur les planches. "Quand il m'est arrivé ces choses-là, je n'avais pas forcément envie d'en parler", admet-il. "Comme j'ai disparu des écrans pendant presque deux ans et que j'étais très présent avant, tout le monde s'est demandé où j'étais et pourquoi on ne me voyait plus."

Au printemps 2021, L'Illustré publie une interview où il révèle son calvaire. L'article provoque "une vague d'amour incroyable". "J'étais assez surpris de voir à quel point mon personnage était populaire", dit-il. "Les gens se sont vraiment inquiétés pour moi. Ça m'a beaucoup touché, vraiment."

Premiers tests sur scène

Joseph Gorgoni se lance dans sa nouvelle aventure artistique avec énergie. Il admet être juste un peu essoufflé. Mais c'est aussi l'effet de l'âge, sourit celui qui arrive sur ses 57 ans. Et le souffle n'est pas un problème, ajoute-il. Puisqu'il ne joue pas Marie-Thérèse, sa voix est moins mise à l'épreuve.

L'énergie est là, parce que je me dis que je n'ai pas vécu toutes ces horreurs pour rien

"J'ai fait deux avant-premières la semaine dernière à Genève pour tester le texte. C'était fou. Je suis très rassuré, car je suis toujours très traqueur. J'ai toujours l'impression que ce que je fais n'est pas bien." Les gens ont ri lors de ces représentations, assure-t-il, même si c'était parfois avec un peu de gêne... Une gêne qui semble inévitable au regard de ce sujet si intime. Joseph Gorgoni, lui, ne fait pas de concession: "Je pense qu'on peut rire de tout, toujours", affirme-t-il.

Sans Marie-Thérèse

Pourquoi ne pas faire intervenir dans le spectacle son personnage fétiche Marie-Thérèse Porchet, une célébrité en soi depuis bientôt trente ans?

"Quand j'étais à l'hôpital et que j'ai décidé de raconter tout ce qui m'était arrivé, je me suis posé la question (...)", répond Joseph Gorgoni. "Dans cette situation-là, je peux refaire un spectacle après avec Marie-Thérèse. Elle a toujours vécu des drames avec lesquels on a fait des comédies (…) Mais avec "Transplanté", il fallait que je le fasse moi. Je vais pouvoir raconter tout ça en Marie-Thérèse, mais il me faut un peu de temps, parce que tout est encore un peu violent", développe-t-il.

Ce sera donc un Joseph Gorgoni "nu", en dehors des atours roses qui sont devenus sa seconde peau, que le public romand pourra voir sur scène, d'abord à Genève, au Casino Théâtre, du 8 au 19 mars 2023, puis ensuite en tournée ailleurs en Suisse romande.

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Antoine Michel