40'000 entrées! On peine à le croire, mais les chiffres sont là. En presque cent représentations, la comédie musicale "Retour vers Hollywood" créée par la Compagnie Broadway et montrée à Servion a fait un carton. Le café-théâtre Barnabé, depuis sa reprise par Noam Perakis et Céline Rey, a doublé sa fréquentation et devient une salle incontournable pour ce genre en plein renouveau.
Dans un autre style, la troupe de La Comédie Musicale Improvisée remplit sans coup férir toutes les salles dans lesquelles elle se produit. Les écoles de danse sont pleines. Comment expliquer cet engouement?
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L’essor de l’enseignement
Florence Annoni, comédienne de l’équipe de la Comédie Musicale Improvisée, relève l'importance du nombre d’écoles en Suisse romande: "Il y en a de plus en plus. C’est une passion que l’on transmet, et cela crée un public".
Le niveau des enseignants est également très bon, avec l'apport de spécialistes. Ce que souligne Vanessa Costanzo, directrice de l’école veveysane Neptune: "Je travaille avec des professeurs de très haut niveau. Comme Antony Bacari Lagrange qui a fait 'Les Dix Commandements' ou encore 'Le magicien d’Oz'. C’est une chance! Il a énormément de pédagogie".
Les écoles doivent refuser du monde, surtout les plus jeunes car la danse est aujourd’hui portée par son omniprésence sur des réseaux sociaux comme Tik Tok, dont on a le sentiment qu’il ne sert qu’à ça. Une fois que l’on veut en faire son métier, il faut voir grand!
Un professionnalisme local digne des plus grandes productions
Ainsi, Barnabé dispose d’un budget de 2,8 millions de francs par saison. Gros budgets, grosses productions, gros moyens techniques, effets spéciaux, comme le dit Céline Rey: "On veut montrer du Broadway. 'Retour vers Hollywood', qui a duré deux saisons, c’est plus de cinquante collaborateurs! Les moyens que nous engageons pour trois productions par année sont comparables à ceux de l’opéra. On veut faire rêver les gens".
Une logique proche de celle du cinéma: il faut investir énormément, voir grand pour faire des entrées. Noam Perakis ne voit pas les choses autrement: "Le grandiose fait partie de l’ADN des comédies musicales anglo-saxonnes, même lorsqu'elles sont plus intimistes. Les décors sont impressionnants, les effets spéciaux sont fous! Cette magie a un coût. Dans notre cas, plus d’un million pour le spectacle que nous proposons chaque hiver".
Rêver comme à New York
Le succès renvoie aussi à ce besoin d’évasion à grand spectacle. Vanessa Costanzo s'émerveille des productions de Barnabé, se dit qu’enfin "on veut rêver comme eux, à Londres ou Paris. Barnabé nous permet enfin de nous exprimer comme les autres". Être heureux sur scène? Transmettre? Florence Annoni acquiesce: "On n’imagine pas la puissance de l’équipe quand tout le monde chante et danse en même temps. On est portés!".
Et faire venir les stars
La nouvelle production de la compagnie Broadway accueille "Pippin", écrite par la superstar Stephen Schwartz ("Pocahontas", "Le bossu de Notre-Dame", "Wicked"). L’auteur a fait le déplacement de New York à Servion pour assister aux répétitions et pour entendre son texte en français pour la première fois. S’il est sans doute le visiteur le plus lointain de Servion, il reste toutefois un record à battre: un spectateur a vu "Retour vers Hollywood" 37 fois!
Pierre Philippe Cadert/mh
"Pippin" au café-théâtre Barnabé à Servion, jusqu'au 27 mai 2023.