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Figaro, superstar au Théâtre des Osses de Fribourg

La pièce de théâtre "Le Barbier de Séville" au Théâtre des Osses de Givisiez. [Théâtre des Osses]
Le Barbier de Séville / Vertigo / 6 min. / le 14 septembre 2023
À la direction du Théâtre des Osses de Givisiez, Anne Schwaller s’offre une pleine saison sous le signe de Figaro, valet malicieux aux mille combines. Premier épisode à déguster jusqu’au 1er octobre: "Le barbier de Séville" de Beaumarchais, avec une formidable Christine Vouilloz dans le rôle de l’ingénue Rosine.

Pauvre Rosine! Belle et pucelle, la voici comme un oisillon en cage. Son tuteur, Bartholo, l’entretient dans le seul but de l’épouser le moment venu. Et la voici épiée, harcelée et bouclée par le vieux barbon jaloux. C’est que dans les parages, soit une ville de Séville ici pur prétexte exotique, rodent deux jeunes gens. Le comte Almaviva, amoureux éperdu de Rosine, tente toutes les manœuvres d’approche possibles à coup de déguisements. Et puis, il y a ce coquin de Figaro, barbier de son état, naguère valet du comte, prêt à aider son ancien maître dans sa quête amoureuse. Bartholo aura beau surveiller sa proie, le destin de Rosine n’est pas de réchauffer la couette d’un vieux barbon.

Des comédies au fil de la Révolution

En 1775, "Le barbier de Séville" est un triomphe et son auteur Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais devient la nouvelle coqueluche du théâtre français. Personne ne lui tient rigueur de son petit plagiat de Molière (une scène de quiproquo dans "L'école des femmes", mais Molière l’avait lui-même chipée à autrui…) et le Barbier marque la naissance d’un personnage: Figaro, nouveau Scapin, champion de la bonne combine et du plan B en matière d’intrigues amoureuses.

Mis en musique par Rossini, le Barbier est devenu tube d’opéra alors que les suites théâtrales imaginées par Beaumarchais sont autant de succès: "Le mariage de Figaro ou la folle journée" (également passé à la postérité chantée avec Mozart), puis "L'autre Tartuffe ou la mère coupable", achevé en pleine Révolution en 1792. Au-delà du rire, les comédies de Beaumarchais accompagnent la décadence et la chute de la monarchie française.

Un hommage joueur et franc

A la tête du Théâtre des Osses, la metteuse en scène et comédienne Anne Schwaller débute sa première saison avec un hommage au malicieux Figaro. Voici donc "Le barbier de Séville" en guise d’entrée, rondement mené, prestement joué, délicieusement apprêté et épicé par le jeu d’une belle troupe toute au service du verbe et de la farce. Le décor est sobre, avec quelques accessoires anachroniques dont un téléphone mural. Qu'importe, comme disait Hugo, le théâtre, ce n’est pas le réel, c’est le vrai. Comprenez l’instantanéité de la parole et des artistes devant vous.

Au générique de la pièce, on trouve trois Frank: Arnaudon en Figaro, Michaux en Almaviva et Semelet en Bartholo. Ajoutez Patric Reves en intermédiaire corruptible, deux petits rôles féminins (Anne Jenny et Fanny Künzler) plus une formidable Rosine incarnée par Christine Vouilloz.

La pièce de théâtre "Le Barbier de Séville" au Théâtre des Osses de Givisiez. [Théâtre des Osses]
La pièce de théâtre "Le Barbier de Séville" au Théâtre des Osses de Givisiez. [Théâtre des Osses]

Les visages sont poudrés, les costumes "font époque". Tout de même, Anne Schwaller s’offre deux libertés avec la pièce originale et c’est tant mieux. D’abord, sa Rosine n’est pas jouée par une jeunette des plateaux, mais par une comédienne aguerrie sachant passer du registre de l’ingénue à celui de l’émancipée. Ensuite, Rosine aura le mot de la fin sur la scène des Osses. Dans le texte original, Almaviva et Figaro règlent cette affaire entre hommes et on pouvait se dire que la petite Rosine passait ainsi d’une cage à une autre, quand bien même la nouvelle avait les dorures de l'amour et de la jeunesse.

On vous disait que la star de la saison des Osses s’appelle Figaro. Il reviendra avec l’hiver dans "Figaro divorce", une pièce du vingtième siècle signée Ödon von Horvath et mise en scène par Philippe Sireuil, présent sur le "Barbier de Séville" au titre d’éclairagiste. Et puis, avec l’arrivée du printemps, ce sera un texte inédit, commandé à l’écrivain fribourgeois Eric Bulliard: "Si c’est un garçon, on l’appelle Figaro", mise en scène d’Anne Schwaller. Aux Osses, le barbier, bien affûté, ne barbe pas.

Thierry Sartoretti/ms

"Le barbier de Séville", Théâtre des Osses, Givisiez (FR), jusqu'au 1er octobre. Trois représentations supplémentaires programmées les 6, 7 et 8 octobre 2023, plus le 31 décembre 2023. La pièce se joue aussi au Bicubic, Romont, le 13 janvier 2024.

"Figaro divorce", Théâtre des Osses, Givisiez (FR), du 30 novembre au 21 décembre 2023. Les 16 et 17 décembre 2023, intégrale des deux premiers spectacles.

"Si c’est un garçon, on l’appelle Figaro", Théâtre des Osses, Givisiez (FR), du 22 février au 24 mars 2024.

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