"Viva Vegas", la comédie musicale qui aime Elvis à la vie et à la mort
On vous ment. On vous a toujours menti et je suis sûr que vous le saviez aussi. Elvis n'est pas mort. Le 16 août 1977 dans la salle de bain de Graceland, son palais royal de Memphis, Tennessee, c'était un autre qui gisait par terre dans une flaque de vomi. Un sosie engagé par le colonel Parker, l'âme damnée du King, son manager.
Mais alors, où était donc le vrai Elvis? Dans un tube de cryogénisation, enfermé-là depuis 46 ans par ce même colonel Parker. Elvis en avait marre de se produire encore et encore au Hilton de Vegas ou de tourner en rond aux USA au lieu de visiter l'Europe et le reste du monde. Le rebelle a été placé de force dans un congélateur.
Ce qui se passe à Vegas reste à Vegas
Tout nous est enfin révélé sur la scène du Café-Théâtre Barnabé à Servion. Les caméras tournent, Philippe Revaz de la RTS anime le duplex avec notre correspondant aux Etats-Unis: "Ladies and Gentlemen, Elvis just left the building!" Ou plutôt le congélo. Le voici de retour. Avec une nouvelle maison de disques, une nouvelle manager (Tom Parker a cassé sa pipe en 1997) et sa place au chaud sur la plus grande scène de Las Vegas. Bye bye Céline Dion, Adele, U2, Rod Stewart et Cirque du Soleil. Dégagez les sosies, poussez-vous les 'tribute bands', le King est de retour.
Que du bonheur? Plutôt la soupe à la grimace. Le retour d'Elvis, c'est comme la décongélation d'un mammouth. Le bestiau prend de la place et fait trop d'ombre. Le bel ordre du show-business est bousculé et Las Vegas sens dessus dessous. Voici résumée la mise de "Viva Vegas", dernière comédie musicale de la Compagnie Broadway qui vous dit toute la vérité sur Elvis.
Ses nouveaux jours sont comptés: une célèbre chanteuse canadienne, une mariée abandonnée par son prétendant, un chauffeur cocufié par le King, un magicien devenu barman par défaut et un stripteaseur au chômage vont s'allier pour renvoyer l'hibernatus à mèche au rayon des produits surgelés. La jalousie pousse au crime. Et les cinq tocards d'engager pour la basse besogne un spécialiste en "débarras d'objets encombrants". Vous avez le scénario de départ. On ne vous dira pas la fin, car "ce qui se passe à Vegas reste à Vegas" comme le rappelle en lever de rideau le metteur en scène Noam Perakis.
Une comédie musicale 100% maison
Après "Retour vers Hollywood", triomphe inégalé du Café-théâtre Barbabé, la compagnie Broadway reste donc en terres américaines pour cette nouvelle comédie musicale 100% maison avec tout de même son lot d'emprunts et de pastiches au répertoire des deux monstres sacrés de "Viva Vegas", Elvis et Céline, réunis par un miracle de la science jusqu'à ce qu'ils soient en froid.
>> A relire : "Retour vers Hollywood", du grand art de la comédie musicale
"Viva Vegas" remporte la mise avec ses numéros de chant et de danse à l'énergie très champagne, sa scénographie alliant décors à l'ancienne et vidéo bien maîtrisée et bien sûr ses accessoires XXL, de l'hélicoptère à la Shelby Cobra, le bolide classique des films d'Elvis. A la première, la troupe était encore en rodage avec quelques langueurs dans les scènes plus théâtrales. Sans doute un effet secondaire de la cryogénisation qui devrait disparaître au fil des échauffements. A Vegas, la roue tourne toujours aussi vite.
Thierry Sartoretti/ld
Noam Perakis, "Viva Vegas", Café-théâtre Barnabé, Servion, du 17 novembre 2023 au 11 février 2024.