La musicienne Farnaz Modarresifar brille parmi les "Femmes persanes" du théâtre Zingaro
Troisième volet d'une série intitulée "Cabaret de l'exil", le spectacle "Femmes persanes" rend hommage aux femmes artistes en exil, qu'elles soient afghanes ou iraniennes. Des femmes résistantes et révoltées qui revendiquent leur identité et convoquent leur mémoire ancestrale: celle de l'antique civilisation scythe, fondée sur le matriarcat.
Il s'agit d'un peuple nomade pour lequel le cheval est à l'origine d'une remarquable égalité entre les genres. Chevaucher de longues distances et encourager sa monture au combat fut l'apanage des femmes autant que des hommes, tout comme la pratique des arts.
"Cabaret de l'exil - Femmes persanes" est un spectacle féérique d'une vingtaine de tableaux, joué d'abord en 2023, puis prolongé une première fois jusqu'à mars 2024. Bartabas y invite quatre musiciennes iraniennes à rejoindre sa tribu mi-femmes, mi-chevaux. Parmi elles, Farnaz Modarresifar, une compositrice, joueuse de santour - une cithare sur table à cordes frappées - et poétesse franco-iranienne née en 1989 à Téhéran.
"Je ne suis plus la même après ce spectacle"
Pour ce spectacle, une musique originale directement inspirée de la tradition perse a été composée. "On s'est retrouvées et avons proposé plus d'une centaine d'oeuvres du répertoire persan. Bartabas a ensuite choisi les oeuvres en fonction des tableaux qu'il avait en tête. Il nous a demandé parfois d'ajouter, retravailler ou improviser certains détails pour que cela soit plus adapté", raconte Farnaz Modarresifar dans l'émission Musique matin du 14 novembre.
Travailler avec Bartabas, c'est se confronter à l'imprévisible. Parce que Bartabas est, d'une façon ou d'une autre, l'ombre de ses chevaux. Il a la profondeur d'un langage sans mots. C'est un artiste au tempérament flamboyant.
Pour la compositrice, travailler avec des chevaux était une grande découverte. "Je n'avais jamais travaillé si près physiquement et émotionnellement avec des animaux, souligne-t-elle. Avant d'ajouter: je ne suis plus la même personne après ce spectacle et cette expérience".
Il faut dire que travailler avec le théâtre équestre Zingaro demande un investissement complet: cela représente des mois entiers de répétitions avec les autres artistes et les chevaux. "Cette collaboration m'a appris à écouter autrement, à plonger plus loin dans mon instrument, à faire corps avec le son autant qu'avec le silence. Et surtout, cela m'a appris à respirer au rythme des autres, des animaux. Ils rendent la musique encore plus vivante", conclut la compositrice.
Propos recueillis par David Christoffel
Adaptation web: ld
"Cabaret de l'exil - Femmes persanes" de Bartabas pour le théâtre équestre Zingaro, Fort d'Aubervilliers, Paris, du 8 novembre au 31 décembre 2024.