Pour ses débuts dans la mise en scène, Emilie Charriot adapte "King Kong Théorie", un manifeste pour un féminisme musclé écrit par Virginie Despentes. Pour Thierry Sartoretti, cette adaptation, présentée dès le 10 mai au Théâtre de Saint-Gervais à Genève, est un pari réussi.
L'essai, paru en 2006, est signé Virginie Despentes, ex-routarde, paumée, violée, prostituée, punk. Il taille le portrait du mâle tout-puissant. Il peint la femme qui se pense inférieure, coupable, à côté de la plaque. Malgré les luttes, le progrès… Il y a de la théorie dans "King Kong Théorie", forcément. Mais il y a le vécu de Virginie Despentes qui a la force du poing levé lors de la remise des médailles. Lisez, relisez: "J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables…"
Un théâtre affûté
La mise en scène d’Emilie Charriot est simple: sur le plateau nu, une danseuse et une comédienne. Elles parlent. La première, Géraldine Chollet, se raconte: une histoire de jeune fille, de chorégraphe célèbre et d’humiliation. La seconde, Julia Perazzini, porte les mots du livre. C’est sobre. Ni pathos, ni artifices. La parole touche. Au cœur ou aux tripes selon les expériences ou le sexe.
"King Kong Théorie", la pièce, se joue jusqu’au 21 mai 2016 au Théâtre de Saint-Gervais. Elle passe aussi au TPR de la Chaux-de-Fonds le 27 mai 2016. Et vous auriez intérêt à être là!
mcc