"Effort maximum pour résultat minimum", tel est le slogan qui accompagne cette création en français aux accents ibériques. Sur la scène du Théâtre de Saint-Gervais à Genève il y a des ombres qui parlent, des morts qui nous guident, des décors qui s'effondrent, des comédiens qui dansent, se battent et s'embrassent. On y trouve aussi des communications filmées de l'au-delà, de la musique africaine et des airbags géants qui provoquent le chaos.
"La Conquête de l'Inutile" est tout sauf une pièce classique, quand bien même elle trouve son point de départ dans la philosophie antique du Grec Héraclite. Lequel constate qu'on ne regarde jamais le même fleuve puisque ses eaux s'écoulent en permanence. La vie passe et charrie ses crises: comment (re)trouver l'enthousiasme? Pourquoi continuer?
Un spectacle aussi riche que chaotique
Metteur en scène genevois d'origine basque, Oscar Gomez Mata retrouve sur scène les comédiens et complices de ses tout premiers spectacles espagnols. Et le résultat est aussi chaotique que riche de sens et d'interrogations. Avec Esperanza Lopez, Javier Barandiaran et Txubio Fernandez de Jauregui, Mata a imaginé un spectacle existentialiste dont l'humour doit autant aux Marx Brothers qu'au mouvement DADA.
"Le plus utile, c'est l'inutile", dit le philosophe Heidegger cité dans le spectacle.
Expérimenter l'inutile c'est le plus difficile pour l'être humain contemporain. On comprend l'utile comme quelque chose d'utilisable pratiquement, immédiatement, pour des buts techniques, pour quelque chose qui amène une action avec laquelle pouvoir faire du commerce et produire. On doit entendre l'utile dans son acceptation de "curatif", c'est-à-dire ce qui ramène l'être humain vers lui-même
Expérimenter l'inutile? Comprenez le théâtre et cette pièce en particulier.
"La Conquête de l'Inutile", un spectacle à découvrir jusqu'au 3 décembre à Saint-Gervais, Genève, puis à l'Arsenic de Lausanne du 7 au 11 décembre.
Thierry Sartoretti/ld