Son dernier passage en Suisse remonte à 1999. Gatti avait investi un ancien site industriel genevois avec une trentaine de jeunes en insertion, ses "loulous", pour célébrer la mémoire du résistant Jean Cavaillès. Auparavant, le metteur en scène avait confronté ce travail collectif à la pensée des physiciens du CERN.
Le théâtre militant, engagé, hors les murs est en deuil ces derniers mois avec les décès successif de l’Italien Dario Fo (en octobre dernier) et d’Armand Gatti, fils du petit peuple et de la migration: sa mère piémontaise était femme de ménage et son père français balayeur à Monaco.
Marqué par son engagement dans la résistance française, puis par Mai 68, l’infatigable Gatti a pratiqué le journalisme et le cinéma avant de se lancer dans une aventure théâtrale qui tient de l’épopée itinérante. Certaines de ses pièces seront interdites, comme "La Passion en violet, jaune et orange" anti franquiste.
Thierry Sartoretti/olhor
L'aventure marquant de "La Parole errante"
Le théâtre francophone restera marqué par son aventure de "La Parole errante", soit des ateliers d'écriture et d'élaboration de spectacles avec ceux qu'il appelle "ses loulous" (analphabètes, chômeurs, immigrés, marginaux, prisonniers) à laquelle il se consacre à partir de 1973.
Il installe sa compagnie "La Parole errante", à Montreuil (Seine-Saint-Denis) dans un lieu baptisé "La Maison de l'arbre", où jamais las d'inventer, il fait travailler ses textes par ses stagiaires. Il crée également un spectacle avec les détenus de Fleury-Mérogis pour le Bicentenaire de la Révolution française en 1989.
C'est le metteur en scène Jean Vilar qui avait monté en 1959 sa première pièce au TNP, "Crapeau-buffle", qui "fait éclater les structures de l'écriture et de la mise en scène". Mais la pièce est très mal accueillie par la critique.