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La nouvelle pièce de Denis Maillefer parle du quotidien des croque-morts

Une scène de "Mourir, dormir, rêver peut-être" de Denis Maillefer. [DR - Catherine Monney]
Théâtre: "Mourir, dormir, rêver peut-être" / Vertigo / 5 min. / le 25 avril 2017
A l’Arsenic de Lausanne, la pièce "Mourir, dormir, rêver peut-être" de Denis Maillefer emmène les spectateurs dans le quotidien et dans les pensées des croque-morts.

Le théâtre nous emmène dans un lieu que l’on ne visite jamais. Ou alors une seule et dernière fois: la morgue. Morbide? Au contraire, ce spectacle signé Denis Maillefer est tendre, émouvant bien sûr, drôle étonnamment et bien vivant. Car s’occuper des morts, c’est surtout traiter avec les vivants. Celles et ceux qui restent.

Une atmosphère apaisée

Ils sont quatre ou plutôt six, escortés avec bienveillance par un enfant et un pianiste au sobre costume noir d’employés des pompes funèbres. Les quatre portent des blouses de préparateurs, des gants de latex et des beauty cases. Leur travail: préparer les morts en vue des funérailles. Il s’agit d’habiller, de maquiller, de redonner beauté et un aspect de dormeur paisible aux deux autres. Ce soir-là, deux figurantes jouent les mortes. Couchées sur une table en acier puis déposées dans un cercueil de bois blanc. Elles sont très convaincantes, troublantes, absentes et très présentes à la fois.

Dans "Mourir, dormir, rêver peut-être", l’atmosphère est apaisée, le ton mesuré et respectueux. Des hommes et des femmes au travail. Qui ont le temps de parler de leur quotidien, de commenter leurs gestes ou leurs habitudes et de nous faire part également de leurs rêves: "Le jour où je serai parti moi aussi, j’aimerais bien…" .

Un travail documenté

Le metteur en scène Denis Maillefer s’est documenté. Il a aussi passé du temps chez les gens du métier, chez les croque-morts. Ce spectacle donne à voir ce que l’on ne peut ou ne veut jamais voir et donne à écouter ce dont on ne parle qu’avec gêne ou pudeur. Il y a là la mort des vieux, celle des gens partis trop tôt et celle de ceux que l’on a retrouvés plus tard. Des fois bien tard.

On rit parfois au fil des témoignages des personnages. C’est que parler de la mort, c’est aborder la vie et cette dernière est parfois malicieuse ou cocasse. Comédiennes et comédiens sont simplement parfaits dans leur rôle (Lola Giouse, Cédric Leproust, Marie-Madeleine Pasquier, Roland Vouilloz). Et à la sortie de ce spectacle pas comme les autres, les langues se délient et les conversations quittent le domaine du théâtre pour aborder celui de l’existence bien réelle. Une réussite.

Thierry Sartoretti/aq

>> La pièce "Mourir, dormir, rêver peut-être" est à voir à L'Arsenic à Lausanne jusqu'au 3 mai 2017

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