"Tschägg", un spectacle singulier à découvrir à la Fête de la danse

Voici un couple détonnant: le carnaval le plus archaïque et la danse la plus contemporaine. Lucie Eidenbenz et sa compagnie Brocoliwald ont réussi un sacré pari: convaincre les Valaisans du Lötschental de participer à la création d'un spectacle qui leurs emprunte les terribles figures des Tschäggättä. Chaque février, ces incroyables créatures masquées, pourvues d'une cloche et couvertes de poils hantent les villages entre Ferden et Blatten.

Esprits venus des rites païens ancestraux, des cris des bêtes pour tout langage, les Tschäggätta attrapent et secouent dans la neige les passants qui osent alors se risquer dans les ruelles des villages.

Une performance sauvage participative

Voici donc ces masques sur un plateau de danse. Bien loin de leur vallée d'origine et de leurs caves à masque où ils sont tenus au secret. Le spectacle "Tschägg" court les routes de France et de Suisse après avoir triomphé en Valais à l'occasion du "Oh ! Festival". Ce vendredi 5 mai, la chorégraphe Lucie Eidenbenz et sa troupe sont à Lausanne, salle Sévelin 36. Samedi, c'est l'ABC de La Chaux-de-Fonds qui les accueillent dans le cadre de la Fête de la danse.

"Tschägg" n'est pas un spectacle folklorique. Plutôt une sorte de performance autour du masque et des effets que l'on peut ressentir en le portant ou en le contemplant. Lucien Eidenbenz parle d'une "danse d'ensauvagement" ou d'une "réappropriation de son sauvage intérieur". Un sauvage à la portée de chacune et chacun, puisque la troupe de "Tschägg" convie à chaque étape des personnes du public à participer à un atelier autour du port du masque. Au final, deux spectateurs rejoindront les trois danseuses de "Tschägg" sur la scène.

Apprivoiser les masques et les sculpteurs

Convaincre les sculpteurs de masque du Lötschental de participer à ce projet n'a pas été chose aisée: "Il a fallu nous apprivoiser mutuellement, prendre du temps, beaucoup de temps sur place car ils ne comprenaient d'abord pas notre projet", note Lucie Eidenbenz.

Une fois la tournée terminée, les masques de Bruno Rittler retrouveront leur cave discrète à Blatten en Haut-Valais: "On ne traite pas ces masques comme un simple costume de théâtre. Ils ont un caractère sacré, un mystère, qu'il s'agit de préserver".

Thierry Sartoretty/ld

"Tschägg" à la Fête de la danse: le 5 mai à Lausanne (Sévelin 36) et le 6 mai à la Chaux-de-Fonds (ABC).

12e Fête de la danse, du 5 au 7 mai.