"Polycomedy", quand l'humour prépare l'entreprise

Mercredi 28 et jeudi 29 juin, "Polycomedy" prend ses quartiers au Centre pluriculturel d'Ouchy (CPO). Pour apprendre à parler en public ou maîtriser le b.a.-ba de la gestion événementielle, rien de tel qu'un plongeon dans le showbiz. Prenez 48 étudiants en communications et marketing. Ils suivent les cours du Polycom, dispensés par une école privée, le SAWI. Invitez trois parrains, entraîneurs, humoristes, Marina Rollman, Thomas Wiesel et Arek Gurunian, sous la houlette de Thomas Lecuyer, l'ancien directeur du Lido/Comedy Club de Lausanne. Ajoutez "edy" à l'intitulé de cette formation, agitez, faites mariner pendant plusieurs mois et vous obtenez "Polycomedy".

"Polycomedy" est une nuit de stand-up avec musique, projos et paillettes. Les pros de l'humour coachent les répétitions, mais restent ensuite en coulisses. Quatre équipes d'étudiants assurent la réécriture des sketches, la production du spectacle, la communication et les relations publiques. Et sur scène, les plus extravertis ou les plus téméraires sont dix.

Anecdotes de camping et souvenirs d'étudiants

Pour plus de vécu et de vraisemblance, les histoires drôles de ces apprentis humoristes sont directement issues de leur vécu personnel. Cela va des souvenirs d'étudiante en archéologie au camping en Birmanie dans une grotte pleine de chauves-souris en passant par une relation amoureuse conflictuelle lors d'un week-end à Barcelone. Réécriture et nécessité de gags obligent, les histoires ne lésinent pas sur les exagérations ou les parties plus fictionnelles. Ainsi, telle blonde devient une impossible bimbo tête à claques et tel autre un macho de première…

"Polycomedy" n'a pas la vocation d'être une pouponnière à humoristes, mais bel et bien d'offrir une formation pratique à des étudiants qui se destinent aux métiers de la communication, du journalisme ou du marketing. Les participants à l'expérience parlent de "challenge, d'expérience et d'application de méthodes de travail". Un vocabulaire plus proche de l'entreprise que du monde de Jérôme Ferrari.

Un nouvelle tendance

Cette expérience lausannoise lancée par une école privée est révélatrice d'une tendance dans le monde de l'entreprise et de la formation: l'utilisation des techniques de jeu des comédiens. Pour préparer des communicants, rien de tel qu'une scène face au public ou des mises en situation. Bon nombre d'entretiens d'embauche intègrent des jeux de rôle ou des saynètes durant lesquelles il faut improviser, convaincre…

Confiance en soi, pose de la voix, jeu corporel, sens de l'argumentation, humour, clarté du propos, toutes ces qualités se trouvent dans les formations de théâtre. Et les comédiens poussent souvent la porte des écoles ou des entreprises avec une casquette de formateur.

Le théâtre au service de l'entreprise

La pratique du théâtre fait désormais partie du catalogue des moyens à disposition de tout manager dès lors qu'il s'agit d'améliorer l'esprit d'équipe ou la motivation des collaborateurs. Un exemple puisé dans la littérature technique: "Scènes de management, le théâtre au service de l'entreprise", de Laurent Lesarve, aux Presses Universitaires de Grenoble.

Voici par exemple un chapitre clair comme une réplique de Feydeau: "le metteur en scène, métaphore du manager". Un titre de pièce: "Machine à café et communication interne". Un objectif de spectacle: "motiver les travailleurs de l'ombre (le back office)". Ou encore cette proposition de spectacle qui peinera sans doute à entrer dans le répertoire de la Comédie française, mais pourrait intéresser la personne en charge des ressources humaines: "Charles-Edouard Ouine Ouine, une carrière dans la vente".

Si demain, votre responsable marketing vous clashe en trois jeux de mots et une chute d'enfer, ne soyez pas surpris. Il/Elle aura simplement pris des cours de stand-up…

Thierry Sartoretti/ld

"Polycomedy", CPO, Lausanne, 28 et 29 juin à 20h.