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"Le Direktør", une comédie déjantée à voir au Festival de la Bâtie

Pour l'ouverture du Festival de la Bâtie à Genève qui débute vendredi, le metteur en scène Oscar Gómez Mata transpose au théâtre l'une des comédies les plus féroces du cinéaste danois Lars Von Trier.

Lars Von Trier, le génial et controversé cinéaste danois, a donné carte blanche au metteur en scène basco-helvétique Oscar Gómez Mata pour adapter son film "Le Direktør" au théâtre avec sa compagnie de L’Alakran, laquelle fête ses vingt ans d’activité au Festival de la Bâtie.

Metteur en scène passionné par la politique, l’humour et les remises en question, Oscar Gómez Mata s’en donne à cœur joie avec une équipe déjantée de neuf comédiens qui brouillent les repères entre fiction et réel.

Un jeu de dupes

Dans cette histoire, Ravn est un patron danois. Un patron si lâche, si couard et tordu qu’il prétend depuis dix ans être un simple employé alors qu’il a acheté l’entreprise en empruntant de l’argent à ses collègues à leur insu. Ravn veut vendre sa boîte à des repreneurs islandais et rester l’unique collaborateur encore sous contrat. Comment licencier ses collègues et amis? Plutôt que d’avouer enfin son mensonge, Ravn engage un comédien au chômage. A lui de signer la vente et d’annoncer les licenciements.

Mais Ravn avait oublié un détail: son direktør fictif possède une identité floue et propice à diverses interprétations. De plus, Kristofer, le comédien engagé par Ravn, se prend au jeu et s’identifie pleinement à ce nouveau personnage. L’affaire échappe à tout contrôle…

>> A écouter: la chronique de "Vertigo" sur cette pièce :

La pièce "The Direktor" de Lars von Trier. [Compagnie Alakran]Compagnie Alakran
Théâtre: "Le Direktor" / Vertigo / 6 min. / le 29 août 2017

Du cinéma au théâtre

Le film "Le Direktør" date de 2006. Lars Von Trier est alors à son meilleur niveau. Cinéaste reconnu mondialement, il a déjà reçu le Grand prix de Cannes pour "Breaking the waves" et une Palme d’or pour "Dancer in the Dark" en 2000. Voici maintenant le cinéaste adapté au théâtre avec l’une de ses comédiens les plus cinglantes.

Qu'un film du cinéaste danois se retrouve sur une scène de théâtre n’est pas surprenant. Deux de ses films consacrés à la période de l’esclavagisme aux Etats-Unis ("Dogville" en 2003 et "Manderlay" en 2005 avec Nicole Kidman) empruntaient les codes du théâtre le plus radical. Tournés en studio dans une salle parfaitement noire, ils avaient pour seul décor de simples pointillés blancs sur le sol et des écriteaux pour marquer les emplacements.

Une réflexion sur le métier de comédien

Quant au "Direktør", on peut le considérer tout aussi bien comme une critique du monde de l’entreprise, un film sur la responsabilité et le courage (ou plutôt son absence) ou une réflexion sur le métier de comédien. Qui joue à quel jeu dans cette histoire? Et quel est le plus comédien: Ravn, le patron qui ment à ses employés depuis dix ans et les manipule ou Kristofer qui doit incarner un Direktør dont il ne sait rien?

Thierry Sartoretti/aq

>> "Le Direktør", Festival de la Bâtie, Genève, du 1er au 6 septembre. Puis en tournée romande

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