Une première création en solo pour la danseuse genevoise Tamara Bacci

Tamara Bacci, "Sull'ultimo movimento". [adc-geneve.ch]
Spectacle: Tamara Bacci, prix suisse de la danse 2017 / Vertigo / 6 min. / le 26 septembre 2017
Lauréate d'un prix suisse de la danse 2017, Tamara Bacci présente à Genève "Sull'ultimo movimento", une première création en solo qui est une saisissante plongée dans sa vie de danseuse.

Il y a eu la danse classique, très jeune, très vite à l’étranger, avec "Giselle" et le ballet de l’Opéra de Berlin. Il y a eu cet ami qui craque et disparaît par une fenêtre de Tel-Aviv. Puis Maurice Béjart durant ses années lausannoises, le fascinant et marqueur "Moebius Strip" du chorégraphe Gilles Jobin, les chorégraphies mathématiques et philosophiques de Cindy Van Acker, la découverte du théâtre contemporain avec Romeo Castellucci, Pascal Rambert ou encore Guillaume Béguin et Fabrice Gorgerat.

Beaucoup de noms, une carrière qui se déploie dans toute l’Europe, tout en restant ancrée à Genève, via le yoga et l’enseignement. Avec un parcours si riche qui traverse trois pans de l’histoire de la danse (classique, néoclassique et contemporain), on est presque surpris de découvrir que c’est maintenant seulement que Tamara Bacci se lance dans un premier solo personnel.

Ce n’est pas l’interprète qui s’émancipe enfin. J’avais juste quelque chose à dire, là, maintenant.

Tamara Bacci, danseuse

Le dernier geste sur scène

Chez une danseuse, le corps est mémoire. Mémoire des gestes, des styles, des expériences, les plus merveilleuses comme les plus douloureuses. Tous ces mouvements, tous ces voyages, toutes ces rencontres, sont venus nourrir "Sull'ultimo movimento" qui peut se vivre comme un songe éveillé dans la vie d’une danseuse. On débute avec le ballet, ses gestes de pure élégance, pour filer ailleurs, très loin… "Reprendre, se remémorer, réapprendre, c’est aussi le moyen de repartir à zéro et d’aller ailleurs", explique la danseuse genevoise.

Et puis il y a ce titre, "à propos du dernier mouvement". L’italien fait référence à ses origines. "A 47 ans, pour une danseuse, se pose immanquablement la question de la fin, du dernier geste sur scène. A quoi pourrait-il ressembler? Où mènera-t-il?" note Tamara Bacci qui œuvre désormais souvent et avec talent comme comédienne (sa voix grave et posée fait merveille), mais garde un amour profond pour le mouvement.

Un spectacle d'exception

"Sull'ultimo movimento" est un spectacle bref et d’une rare intensité. C’est un récit. Le sien, ou plutôt celui de son corps. C’est aussi une histoire contée à plusieurs. Autour de ce solo, on trouve ses proches: le metteur en scène Fabrice Gorgerat, la danseuse et chorégraphe Perrine Valli (avec qui elle avait déjà proposé en 2013 une sorte d’autoportrait dans le spectacle "Laissez-moi danser" avec sa complice Marthe Krummenacher, également prix suisse de la danse 2017, le musicien Eric Linder alias Polar et le scénographe Arié Van Egmond.

Il faut tous les citer, car rarement un spectacle de danse contemporaine aura montré un équilibre aussi parfait entre image, son et mouvement, récit et suggestion, rêve et réalité. A danseuse exceptionnelle, spectacle d'exception.

Thierry Sartoretti/aq

"Sull' ultimo movimento", salle ADC, Genève, 27 septembre - 8 octobre 2017

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