Imaginez une salle du Petit Théâtre plongée dans la pénombre. Sur la scène, deux barres allumées de néon blanc dessinent une sorte de fenêtre ou d’aquarium. Dedans se trouvent deux frères, deux danseurs le torse nu. Parfois ils sortent du cadre, la plupart du temps toutefois, ils se déplacent dans cet espace exigu sans que l’on comprenne trop bien comment.
Mot clé: rêve
Sont-ils couchés, suspendus, attachés, de dos, de face, vus d’en bas ou vus d’en haut? Les repères disparaissent. Victor et Lukas, les deux frangins, se trouvent, se perdent et se cherchent. Ils vivent des aventures qui tiennent du rêve. Ces rêves, nous les avons tous fait: voler, traverser les nuages, tomber, vivre sous l’eau, croiser un monstre, s’égarer dans un labyrinthe ténébreux… En fil rouge, inquiétante ou apaisante, la musique classique de la suite instrumentale "Peer Gynt" du compositeur Edward Grieg nous plonge dans une atmosphère étrange et irréelle.
Une danse abracadabrantesque
Imaginée par le chorégraphe Philippe Saire, "Hocus Pocus" est une déclinaison pour jeune public de sa récente création "Vacuum" qui emploie également des néons et tend à brouiller nos perceptions visuelles. Mais si le dispositif et la machinerie sont jumeaux, "Hocus Pocus" offre une sorte d'histoire avec suffisamment de mystères pour que les enfants du public puissent se construire des récits différents selon leur propre fantaisie. "Hocus Pocus" est une danse abracadabrantesque. Un concentré de poudre de perlimpinpin qui parle à merveille au jeune public pour qui les rêves ont encore une présence et une réalité très fortes. C’est magique et mieux que ça!
Du rêve au cauchemar
Noir et apparitions peuvent flanquer les chocottes. En explorant nos rêves, "Hocus Pocus" bascule parfois dans le cauchemar. Donc, mieux vaut respecter la limite d’âge de sept ans. En revanche, il n’y a aucune limite d’âge supérieure pour apprécier cette prouesse technique et artistique. Avec ou sans enfant, "Hocus Pocus magnétise notre regard.
Thierry Sartoretti/mh
"Hocus Pocus", Petit Théâtre, Lausanne, jusqu'au 5 novembre. Puis en tournée: Genève (Théâtre Amstramgram du 10 au 19 novembre), Yverdon (l'Echandole le 25 novembre), Vevey (L’Oriental, les 2 et 3 décembre), Delémont (Forum St-Georges le 7 février 2018) et Sierre (TLH, le 21 février).
A noter que "Vacuum" de Philippe Saire est également joué le 29 novembre à Yverdon, Théâtre de l’Echandole.