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Avec l'intrigant "Passe", Jean-Daniel Piguet s'interroge sur la prostitution

La pièce "Passe" de Jean-Daniel Piguet au TLH de Sierre les 23 et 24 janvier 2018. [Jean-Daniel Piguet]
Théâtre: Une "Passe" en Valais / Vertigo / 5 min. / le 22 janvier 2018
A Sierre, le théâtre TLH accueille "Passe", un spectacle inspiré du dialogue entre une prostituée et son client. Un ovni théâtral intrigant signé Jean-Daniel Piguet à découvrir les 23 et 24 janvier.

Sur scène, voici le client. Il est un peu nigaud, c’est sa première fois. Il porte un appareil photo en bandoulière. Pervers? Il rêve juste d’immortaliser le dos de sa belle d’une nuit et son propre revers après avoir fait l’amour.

Voici les dames, aguicheuses, avec ou sans accent, plus ou moins authentiquement femme. Des anges passent. Bob Dylan chante dans la sono l’histoire d’un bordel de la Nouvelle Orléans.

Du théâtre proche de la vérité

"Passe" retrace le dialogue entre une prostituée moldave et son client. A la virgule près. C’est malicieusement joué, dansé également, histoire d’occuper les blancs de la conversation et de titiller l’imaginaire et la sensualité du spectateur.

Quand il décrit son spectacle, le metteur en scène Jean-Daniel Piguet parle d’écriture du réel ou de méthode verbatim. Késako? "Passe" est du théâtre proche de la vérité. Proche, car il puise sa matière dans le réel. A distance tout de même, car devenue spectacle, cette matière n’est bien sûr plus la réalité, mais une évocation de cette dernière. Comme la trace d’un parfum sur un oreiller.

Spectateur de cette "Passe", on peut se sentir un peu voyeur devant ces créatures et à l’écoute de ce dialogue. "Passe" n’est ni misérabiliste ni dénonciateur. Le spectacle raconte et joue les évocations, les fantasmes.

Sur scène, les papillons de nuit changent de sexe ou deviennent des géantes. Un pianiste apparaît, rappelant peut-être le lien historique et coquin entre cet instrument et les maisons de passe.

Un sujet qui intrigue le théâtre

"Passe" parle donc de prostitution. Un sujet qui intrigue le théâtre. Il y a peut-être la fascination des comédiens pour ce métier où jeu de rôle et part d’humanité jouent également à cache-cache.

Récemment en Suisse romande, la pièce "Marla" de Denis Maillefer racontait, façon témoignage personnel, de façon très sobre et distanciée, la vie d’une escort. "Taxi Dancers" de la chorégraphe Marie-Caroline Hominal s’intéressait lui aussi au monde interlope de la nuit. Et les textes d’une vraie courtisane, Grisélidis Real, sont eux aussi devenus pièce de théâtre grâce à la metteuse en scène Françoise Courvoisier.

Le metteur en scène Jean-Daniel Piguet vient du cinéma documentaire. Il aime créer ses pièces de théâtre à partir de situations réelles. Naguère, des retraités sur un banc au milieu d’un hall de gare. Aujourd’hui, cette "Passe" dont il a minutieusement retranscrit le dialogue à la fois banal et intimidant. Une réussite et une belle découverte.

Thierry Sartoretti / aq

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Le Mini Festival

Outre "Passe" (les 23 et 24 janvier 2018), le TLH-Sierre propose des créations détonantes de jeunes compagnies. Ainsi "Appartiamentum" se joue à domicile et transforme votre chez-vous en modifiant l’histoire des lieux (jusqu’au 25 janvier). "Dimanche" de Mathilde Aubineau se plonge dans les souvenirs des congés de notre enfance. Ces jours où tout était possible (les 26 et 27 janvier). Enfin "Nova Oratorio", est signé Claire-Ingrid Cottanceau et Olivier Mellano, un ancien musicien des chanteurs Miossec et de Dominique A.