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"Quitter la Terre", un joli coup de théâtre

Joël Maillard et Joëlle Fontannaz dans "Quitter la terre" de Joël Maillard. [SNAUT - Alexandre Morel et Jeanne Quattropani]
Théâtre: "Quitter la Terre", de Joël Maillard / Vertigo / 5 min. / le 22 mai 2018
Le comédien romand Joël Maillard présente sur scène un projet radical pour sauver l’Humanité. Entre science-fiction et mystification, ce spectacle rencontre un beau succès en tournée.

Un constat: la planète va mal. Nous sommes trop nombreux, les ressources s’épuisent et Joël Maillard a trouvé la solution. Une solution dégottée au fond d’une cave dans un vieux carton abandonné. Il y trouve, raconte-t-il, des textes, des plans, des images, un projet complet qu’il a transformé en conférence-spectacle menée en duo avec la comédienne Joëlle Fontannaz.

Fiction, science-fiction, mystification? Vous connaissez les jumeaux Bogdanoff. Encore plus fort, voici le duo Joël-Joelle qui vous parle: vous serez 50'000 à être choisis pour partir dans l’espace à bord d’un vaisseau. Vous allez y vivre, y procréer à dates fixes et y mourir. Dans quelques siècles, vos descendants descendront sur Terre.

Retrouver l'Eden

Vos arrières-arrières-arrières-petits-enfants vont découvrir l'Eden, pas moins. Des plantes, des animaux, des océans, des poissons et c’est tout. La raison: pendant que les 50'000 individus mâles et femelles s’envoyaient en l’air pour plusieurs générations, le reste de la population terrestre était stérilisé. Les humains ont donc vieilli, puis disparu l’espace d’un petit siècle permettant ainsi à la Nature de se régénérer en l’absence de son principal prédateur. Il suffisait d’y penser…

Ce spectacle parle de mise en orbite et, de facto, il tourne très bien, depuis sa création en 2016. Il figure cette fin de semaine au programme des Rencontres du théâtre suisse, à Zurich et sera en juillet au Festival d’Avignon dans le cadre de la Sélection suisse. La compagnie de théâtre Snaut tire son nom d’un personnage de science-fiction du roman "Solaris" signé Stanislas Lem et porté génialement à l’écran par le cinéaste russe Andreï Tarkovski.

Un goût pour l'expérimentation

Physiquement, Joël Maillard pourrait d’ailleurs passer pour un astrophysicien en station orbitale. Ce comédien a un certain goût pour l’expérimentation. Ses pièces sont radicales, comme leurs titres: "Ne plus rien dire", "Rien voir". D’autres sont des dispositifs très techniques où les spectateurs sont acteurs de leur propre spectacle, tel que "Pas grand-chose plutôt que rien".

Le théâtre du Docteur Snaut surprend à chaque fois et pose des questions en se gardant bien d’apporter des réponses. Vous préférez monter à bord de l’engin spatial ou terminer votre vie sur une planète transformée en EMS?

Thierry Sartoretti/aq

Zurich, Bernard Teater, dans le cadre des rencontres du Théâtre suisse le 26 mai

La Chaux-de-Fonds, salle ABC, les 31 mai et 1 juin

Avignon, Salle Gilgamesh, du 6 au 24 juillet sous le label de la Sélection suisse au Festival Off

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