Le festival d'Avignon s'est ouvert vendredi 6 juillet dans la Cour d'honneur du palais des Papes avec le "Thyeste" de Thomas Jolly. Le metteur en scène a choisi cette pièce méconnue de Sénèque parce qu'elle convoque le crime contre l'humanité.
Le genre est une question démocratique
Le programme 2018 du Festival fait écho à l'actualité, avec une thématique qui traverse la section in: la question du genre et des transidentités.
Cette question concerne tout le monde et pas seulement les LGBTQI comme on voudrait nous le faire croire. Le fait qu'une femme soit moins payée pour le même emploi qu'un homme, n'a rien à voir avec le fait qu'elle ait des ovaires, c'est une construction culturelle.
Pour le directeur du festival, la question du genre est politique, profondément démocratique. Mais elle a l'avantage de donner corps à des esthétiques différentes et des approches diversifiées. Par exemple, "Mama" de Ahmed El Attar pose la question du machisme et du patriarcat entretenu par les mères tandis que "Saison sèche" de Phia Ménard interroge la violence de genre".
Le théâtre par nature queer
Il est vrai aussi que ce thème est originellement lié au théâtre: le costume, la transformation, la transidentité, les hommes jouant des femmes, les femmes jouant des hommes.
De son côté, Olivier Py présente "Pur Présent" composé de trois pièces courtes, inspirées d'Eschyle, auteur grec, qu'il a mis dix ans à traduire et monter. Pour cette tragédie, le dramaturge et directeur du Festival a voulu la fulgurance et la concision de l'auteur antique avec lequel il entretient une relation d'amitié à travers les siècles.
Il est question d'argent qui corrompt tout, de mal et d'amour dans un monde où "le moindre geste nous rend coupables".
La jeunesse réussit à faire des choses impossibles car elle ne croit pas à l'impossible.
L'éthique est partout
"Manger un yaourt peut nous poser des question éthiques: qui l'a produit? D'où vient le lait? Qui a travaillé à coller les étiquettes?", dit Olivier Py qui s'interroge sur "comment vivre dignement". Lui a trouvé sa réponse personnelle: vouer sa vie à la culture, au théâtre et aux combats perdus. Et croire à la jeunesse:
Propos recueillis par Mehmet Gultas et Isabelle Carceles
Réalisation web: Marie-Claude Martin