Un spectacle de danse où ça tchatche non-stop! Avec une verve incroyable et dans le genre de sabir que subissent au quotidien les danseurs qui mènent une carrière internationale: un doux mélange de français, d’anglais, d’espagnol de pacotille, d’italien de western spaghetti et de néologisme bobo.
Ce monde, Kiyan Khoshoie le connaît comme son premier survêt. Il pratique la danse en professionnel depuis quinze ans, engagé dans des compagnies en Espagne, en Hollande ou en Suisse alémanique. Dans "Grand Ecart", son premier solo qui marque aussi son retour en Suisse romande, il est bien sûr question de danse. Il ne s’agit cependant pas d’un spectacle de danse. Plutôt d’un spectacle sur la danse.
Galerie de personnages
Classique, modern jazz, ballet contemporain, non-danse, performance… en 1h20, on croise tous les styles, tous les mouvements à travers une incroyable galerie de personnages croqués avec gourmandise: divas, caractériels, tyrans, faux-culs, fumeux, prétentieux, jaloux, coqs de basse-cour… le trait est acéré, le rire du public immédiat.
Kiyan Khoshoie règle-t-il ses comptes avec la danse? Disons qu'il vient de surmonter une crise de vocation par le rire et le théâtre, un art qu'il a pratiqué très jeune avec son actuelle metteuse en scène, la comédienne Charlotte Dumartheray.
Il y a eu une période où j'ai perdu ma motivation. Mon corps et mon esprit en ont eu marre. Je ne pouvais pas continuer ainsi, à râler, à m'apitoyer. Le problème n'était pas la danse, c'était moi qui avais le sentiment d'être devenu un fonctionnaire dans une routine d'obéissance.
De l'énergie à revendre
Rien de tel que le théâtre et ce formidable "Grand Ecart" pour relancer la motivation. Les danseurs ne sont pas forcément les champions de l’oralité. Kiyan Khoishoie est une magnifique exception. Il possède un débit, une énergie, une dépense physique qui rappelle les champions américains de l’humour fou dingue givré, genre Jerry Lewis. Pas besoin de comprendre la danse pour apprécier ce "Grand Ecart". Les divas maltraitantes, on en trouve dans tous les milieux. Et mieux vaut en rire!
Thierry Sartoretti/mh
"Grand Ecart", salle de l’Etincelle, Maison de quartier de la Jonction, Genève, jusqu’au 29 septembre.