Primes, loyers, électricité, transports, alimentation: le coût de la vie explose en Suisse
L’EXPLOSION DES PRIMES MALADIE
L'annonce du Conseil fédéral est tombée à la fin septembre: les primes maladie bondiront en moyenne de 8,7% l’an prochain en Suisse, soit 28,70 francs par mois. Il s’agit de la plus importante hausse depuis plus d’une décennie. Mais la situation varie d'une région à l'autre, comme le montrent notre infographie ci-dessous. Les hausses vont de +6,5% à Bâle-Ville et en Appenzell Rhodes-Intérieures à +10,5% au Tessin.
Les primes n'ont cessé d'augmenter depuis l'entrée en vigueur de la loi fédérale sur l'assurance maladie (LAMal) en 1996. En 1997, la prime moyenne s'élevait à 138 francs. L'année prochaine, elle atteindra près de 360 francs, soit 150% de plus.
Les Genevois paient les primes les plus élevées du pays: 454 francs par mois, toutes catégories d'âges confondues. Genève dépasse désormais Bâle-Ville de quelques francs. C'est en Appenzell Rhodes-Intérieures que la facture moyenne est la moins salée (246 francs). La plupart des cantons romands se situent dans le haut du classement. Seuls Fribourg et le Valais restent sous la moyenne suisse.
LES LOYERS AU PLUS HAUT
Louer un appartement coûte toujours de plus en plus cher en Suisse. C’est ce que montre l’indice des loyers mis en place par la plateforme d’annonces immobilières Homegate. L'inflation, la hausse des taux hypothécaires ou encore l'impact de la guerre en Ukraine sur les charges font partie des explications. Souvent, la demande dépasse également l'offre de biens disponibles.
Les loyers – qui constituent le plus gros poste du budget des ménages suisses – ont atteint des sommets historiques au mois d’août, se hissant à des niveaux jamais vus depuis le début de l'indicateur en 2009. Par rapport au mois précédent, l’indice a augmenté de 0,3 point et se situe désormais à 122,7 points. En comparaison annuelle, les loyers ont crû de 3,9% en moyenne en Suisse.
La situation est critique dans plusieurs cantons, notamment Zurich, Genève et Vaud. Avec l'attractivité économique de la Suisse, le vieillissement de la population et l'augmentation des ménages d'une seule personne, la demande est toujours plus grande. Et ce n’est pas terminé: les loyers pourraient encore grimper de plus de 15% d’ici 2026, a mis en garde récemment le directeur de l'Office fédéral du logement Martin Tschirren.
NOUVEAU BOND DES PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ
Après le bond de 2023 (+27%), les factures d'électricité vont encore s'alourdir en 2024. La Commission fédérale de l'électricité (ElCom) a annoncé début septembre une hausse moyenne des tarifs de 18% l'an prochain. Pour un ménage consommant 4500 kWh, cela représente 222 francs de plus que cette année.
Comme pour les primes et les loyers, les prix de l’électricité varient fortement d’une région à l’autre. A seulement 10 centimes le kWh, la commune valaisanne de Zwischbergen affiche toujours l'électricité la moins chère du pays. Son tarif est cinq fois moins élevé qu'à Braunau (TG), où un kWh s'achète un peu plus de 50 centimes.
ET TOUT LE RESTE…
Les primes, les loyers et l’électricité ne sont pas les seuls postes qui pèsent toujours plus sur le portemonnaie des ménages. L’indice des prix à la consommation, qui mesure le renchérissement de l'ensemble des biens et services de consommation en Suisse, a atteint un niveau record en août, avant de légèrement fléchir en septembre (-0,1%). En variation annuelle, en revanche, l'inflation est repartie à la hausse le mois dernier (+1,7% contre 1,6% en août).
Depuis décembre 2020, les prix ont bondi de plus de 6% en moyenne, relève l'Office fédéral de la statistique (OFS). Le coût des transports est celui qui a le plus augmenté: +13%. Avec une hausse des prix de 7,5%, le budget alimentaire des Suissesses et des Suisses a aussi pris l’ascenseur. Les équipements ménagers (+8,6%), les restaurants (+6,7%) et les loisirs (+6,1%) – à l’instar des services de streaming – ont eux aussi grimpé en flèche.
Dans ce contexte, on estime qu’une personne sur six en Suisse pourrait basculer dans la précarité. Ce phénomène se traduit déjà dans les épiceries solidaires de Caritas, qui voient leur chiffre d’affaires bondir dans toutes les régions du pays depuis la pandémie de Covid-19, et encore plus depuis le printemps 2022. Si rien ne change, la hausse du coût de la vie pourrait bien se transformer en crise sociale, craignent nombre d'observateurs.
A VOUS LA PAROLE
Didier Kottelat