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L'état déplorable du monde: un emballement bien réel de crises ou une vision trop alarmiste?

L'état déplorable du monde: un emballement bien réel de crises ou une vision trop alarmiste? [Keystone - Jean-Christophe Bott]
L'état déplorable du monde: un emballement bien réel de crises ou une vision trop alarmiste? - [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Guerres, réchauffement climatique, crises économiques, pandémies: comment ne pas perdre espoir face aux crises de ces dernières années? Mais cet emballement de crises qui ne semble jamais s'arrêter, est-ce une nouveauté bien réelle du 21ème siècle? Ou sommes-nous simplement mieux informés ou plus sensibles que nos prédécesseurs? Venez en discutez avec l'offre "dialogue" de la SSR.

"Au vu des différents théâtres de guerre, on se demande où tout cela nous mène, comment notre monde, notre société évoluent-ils?" C'est ainsi qu'une habitante saint-galloise résume le sentiment qui anime finalement de nombreuses personnes en Suisse aujourd'hui.

Son témoignage est issu d'une enquête de rue menée par les correspondants de la télévision alémanique publique SRF pour l'émission "Club".

Le sentiment général qui ressort de cette enquête, c'est que l'incertitude règne dans la population. Et les gros titres des derniers mois et des dernières années dans les médias, souvent alarmistes, auraient laissé des traces.

Hausse du stress psychique

Les chiffres de l'Office fédéral de la statistique le montrent également: le stress psychique est en augmentation. En Suisse, près d'une personne sur cinq est considérée comme souffrant de stress psychologique modéré ou grave.

Et en Allemagne, la Société pour la langue allemande a désigné le mot "Krisenmodus" - le "mode crise" - comme le mot de l'année 2023. Alors, le monde est-il vraiment en train de s'effondrer?

Progrès et recul

De nombreuses tendances contredisent ce sentiment de malaise, comme le recul de l'extrême pauvreté ou de la mortalité infantile dans le monde. Toute proportion gardée, les guerres font également moins de victimes que par le passé, malgré les conflits très médiatisés en Palestine ou en Ukraine ainsi que ceux encore fortement d'actualité au Burkina Faso, en Somalie, au Soudan, au Yémen, en Birmanie, au Nigeria, au Congo (région du Kivu) ou encore Syrie.

Ces statistiques sont correctes, selon Peter Maurer, ancien président du CICR. "Mais il est également vrai qu'il y a de plus en plus d'endroits dans le monde où la situation des gens est pire qu'avant", explique-t-il au micro de la SRF. Cette simultanéité d'évolutions positives et négatives est très difficile à exprimer.

Ces contrastes sont également bien visibles dans notre pays: d'une part, la Suisse est l'un des pays les plus riches du monde et, d'autre part, les épiceries solidaires sont de plus en plus fréquentées.

Comment s'orienter en politique?

Alors comment gérer ces contradictions? Comment s'orienter dans cette évolution? Les médias peuvent jouer un rôle important à cet égard, explique le psychanalyste Peter Schneider dans l'émission "Club" de SRF.

"Plus les reportages sont complexes et détaillés, plus ils nous protègent de cette image généralisante selon laquelle tout ne fait qu'empirer. Si l'on prend conscience que le monde n'est pas noir ou blanc, mais que l'on peut en percevoir les nuances, cela aide à lutter contre ce sentiment d'impuissance qui paralyse".

Katja Gentinetta, philosophe politique, est elle convaincue que la philosophie peut également y contribuer. "Réfléchir au problème, surtout le comprendre, peut être incroyablement apaisant en soi", dit-elle au micro de SRF. C'est le premier pas vers une contribution à la résolution de ce long cortège de crises.

SRF/furr

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Le syndrome du grand méchant monde

Le journaliste et professeur de communication américano-hongrois George Gerbner (1919-2005), grand spécialiste des effets des médias de masse - notamment la télévision - sur les téléspectateurs, a inventé à la fin des années 1960 le concept de "Mean World Syndrome", ou syndrome du grand méchant monde, lors de ses recherches sur la violence à la télévision et ses effets sur le public américain.

En résumé, ce concept sert à décrire le processus par lequel les individus ont tendance à se représenter le monde comme plus dangereux qu'il ne l'est réellement lorsqu'ils consomment trop de contenus qui font "peur" dans les médias de masse.

Garder du recul, croiser et vérifier ses sources, approfondir sa connaissance des phénomènes mis en avant dans les fils d'actualité - aussi violents ou effrayants puissent-ils être -, en discuter avec autrui: tels sont les impératifs méthodologiques pour faire de l'information brute trouvée dans les médias d'information une connaissance sur le monde.