A Genève, Neuchâtel, Zoug ou Lugano, la Suisse se rêve en paradis des cryptomonnaies
La semaine dernière, le gendarme de la bourse américain donnait son feu vert à la cotation de fonds d'investissement basés sur le bitcoin, faisant entrer la monnaie virtuelle dans le monde de la finance traditionnelle.
Dans le domaine des cryptomonnaies, la Suisse fait figure de précurseur. En 2021, elle a été l'un des premiers pays à introduire des dispositions légales pour la technologie blockchain, sur laquelle reposent les monnaies virtuelles.
Une croissance régulière du secteur
La naissance de ce qui allait devenir la "Crypto Valley" est toutefois encore plus ancienne. Elle remonte à une décennie, avec la création de la Fondation Ethereum à Zoug en 2014, suivie par plusieurs autres acteurs. Depuis, le secteur n'a cessé de croître et compte aujourd'hui plus d'un millier d'entreprises et environ 6000 employés. Une croissance à laquelle les universités suisses, reconnues comme leaders dans le domaine, ont également contribué.
La part du lion est toujours détenue par la région de Zoug, où environ la moitié des entreprises du secteur en Suisse ont leur siège. Mais la "Crypto Valley" a continué à se développer en dehors des frontières du canton, à Zurich et Lucerne, mais aussi en Suisse romande, à Genève, Neuchâtel et Vaud, ainsi qu'au Tessin.
Cette croissance ne se fait pas sans controverse, liée par exemple à la volatilité des cryptomonnaies, aux risques de blanchiment d'argent et à la consommation d'énergie associée à leur fonctionnement. C'est précisément cet aspect qui a été au centre des critiques de la gauche lorsque l'administration cantonale de Zoug a décidé d'accepter le paiement des impôts avec des monnaies virtuelles.
Neuchâtel se profile
Le canton de Neuchâtel, qui promeut activement depuis plusieurs années l'implantation d'entreprises du domaine de la blockchain, se dit conscient des risques liés à la spéculation et à la consommation d'électricité. Les autorités entendent toutefois continuer à miser sur cette technologie, convaincues de son apport potentiel à l'économie locale.
Le Tessin a été le dernier à entrer en scène, avec le Plan B de Lugano, une collaboration entre la Municipalité et Tether, une société controversée très active dans le secteur des monnaies virtuelles. Plan B propose des formations à la blockchain et un environnement idéal pour les start-ups du secteur. L'administration a également mis en place un système complet de paiement en cryptomonnaies.
L'intérêt de la population pour ces moyens de paiement alternatifs, à Lugano mais pas seulement, est faible, comme le rapportait RSI en septembre dernier. Cependant, les effets positifs sur l'économie - de l'arrivée de nouvelles entreprises dans la région au tourisme de congrès - sont mis en avant par les autorités.
Le développement de la technologie a également attiré l'attention des banques centrales, y compris la Banque nationale suisse (BNS). L'Association suisse des banquiers, quant à elle, a annoncé l'été dernier son intention d'émettre un stablecoin, une cryptomonnaie liée à des monnaies traditionnelles ou à d'autres actifs pour en stabiliser la valeur.
Dans ce domaine, il existe une concurrence entre les pays, qui veulent être les premiers à concevoir une monnaie nationale de nouvelle génération plus efficace.
Simone Fassora/dialogue