Chaque année, telle une comète fidèle à son orbite, les bouchons de Pâques sont là. Cette année encore, c'est surtout au Gothard qu'il faut rivaliser de patience. Tout comme pour le trajet quotidien pour se rendre au travail, il est difficile d'éviter les heures de pointe lors d'un trajet vers le Tessin pour le week-end pascal.
Au-delà des bouchons de Pâques, les embouteillages se multiplient en de nombreux endroits de Suisse. Selon les derniers chiffres de l'Office fédéral des routes (OFROU), le trafic a été bloqué pendant 39'863 heures en 2022. Par rapport à l'année précédente, cela correspond à une augmentation de 22,7% et constitue ainsi la valeur la plus élevée jamais mesurée.
Selon l'OFROU, plus de la moitié des heures de bouchons ont été mesurées dans les régions de Zurich/Argovie, de Bâle, de Berne/Soleure, de Lucerne, au Tessin et dans la région lémanique. La très grande majorité des heures d'attente sont dues à une surcharge du trafic. Le réseau est tellement saturé qu'il suffit d'une petite perturbation pour provoquer de gros embouteillages. Mais il existe des idées pour éviter ou réduire la congestion des routes. Petit tour d'horizon.
Un système de réservation numérique...
Le canton d'Uri tente de maîtriser les files d'attente de plusieurs kilomètres au Gothard, en direction du sud, avec un système de créneaux horaires. Le parlement cantonal a donné son feu vert l'année dernière. L'idée est que les voyageurs réservent leur passage dans le tunnel à une heure précise via une plateforme numérique. Ceux qui arrivent au Gothard sans avoir réservé doivent se garer et attendre leur tour.
Une proposition qui ne convainc toutefois pas tout le monde au Tessin ou dans les Grisons.
.... ou un péage au Gothard?
Le passage dans le tunnel pourrait aussi être régulé par un péage qui deviendrait plus cher aux heures de pointe. Une proposition qui a déjà été faite à plusieurs reprises et qui est revenue sur le devant de la scène l'année dernière.
Là encore, les cantons du sud du pays s'y opposent. Au Tessin, certains craignent que le péage ne pénalise le canton sur le plan économique et social. Dans les Grisons, on s'inquiète que la taxe n'entraîne une augmentation du trafic sur l'axe du San Bernardino. D'autres se demandent si le péage est compatible avec les accords bilatéraux avec l'UE.
Le développement des autoroutes divise
Sur l'Arc lémanique, l'autoroute A1 devrait être élargie à six voies aux endroits névralgiques. C'est ce qu'a décidé le Parlement. Cela correspond également à la stratégie à long terme du Conseil fédéral.
Une résistance s'est toutefois formée contre ces plans d'extension. En janvier, l'alliance "Stop à la folie autoroutière" a déposé un référendum auprès de la Chancellerie fédérale. Une votation populaire est attendue pour l'automne 2024.
L'alliance se compose de 29 organisations, associations et partis et est dirigée par l'Association transports et environnement (ATE) ainsi que par l'organisation environnementale Actif-Trafic, spécialisée dans la politique des transports.
>> Pour en savoir plus : Autoroutes: pousser le bouchon un peu plus loin?
Des simulations d'embouteillages devant les villages
Dans les Grisons, on a choisi une autre voie. En cas de bouchons sur l'A13, de nombreux automobilistes se dirigent vers les villages adjacents, ce qui entraîne une augmentation du trafic et du mécontentement. Pour éviter cela, les autorités ont décidé d'arrêter le trafic pendant deux minutes à l'entrée de certains villages, puis de laisser passer 40 voitures.
Le but: que les appareils de navigation GPS ne proposent pas la variante d'évitement comme alternative, en raison de ces embouteillages "artificiels". Dans le même temps, pour lutter contre les "vrais" bouchons sur l'A13, la vitesse maximale est temporairement réduite afin d'harmoniser le trafic et de mieux exploiter la capacité de l'autoroute.
Un problème plus ancien qu'il n'y paraît
Bien sûr, dans les années 1960, il y avait bien moins de voitures sur les routes suisses. Mais à l'époque aussi, le trafic s'engorgeait, par exemple devant les barrières de chemin de fer. "Une pause bienvenue pour l'homme et la machine", peut-on entendre à ce sujet dans cette vidéo d'archives de SWI Swissinfo.
Susanne Stöckl (SRF)
Adaptation web: Julien Furrer (RTS)