Pourquoi et comment la France est-elle devenue un eldorado pour les adeptes du naturisme? C'est le thème de l'exposition "Paradis naturistes" qui se tient jusqu'au 9 décembre au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille.
L'exposition présente quelque 600 photographies, films, magazines, peintures, sculptures et autres œuvres d'art provenant de communautés naturistes et de collections publiques et privées en France et en Suisse. Parmi ces oeuvres, la "Joueuse de badminton" du photographe suisse Michael von Graffenried.
J'ai un sentiment de liberté quand j'enlève mes habits
Une exposition qu'on peut aussi visiter nu
Cette photo, prise au bord du lac de Neuchâtel, est le fruit d'une immersion de plus de dix ans dans une communauté basée à Gampelen (BE), l'une des plus anciennes organisations naturistes du monde. "J'ai dû me déshabiller. C'est très compliqué au début, mais après dix minutes, tu n'y penses plus et tu te sens très à l'aise", se rappelle le photographe bernois.
Particularité de l'exposition "Paradis naturistes", il est possible, une fois par mois, de parcourir le lieu dans le plus simple appareil. Ces visites ont lieu le soir, lorsque le musée est fermé. "J'ai un sentiment de liberté quand j'enlève mes habits. D'autant plus que cette liberté est partagée avec d'autres gens, où personne ne se juge", témoigne une visiteuse rencontrée dans le musée.
Accepter le corps tel qu'il est
Le mouvement naturiste prend racine en Allemagne, sous le nom de Freikörperkultur. Il se répand ensuite dans les pays germanophones, dont la Suisse, et dans le nord de l'Europe. Mais au fil des années, le sud de la France est devenu la Mecque du naturisme, en particulier pour les touristes.
Chez les naturistes, tout le monde est sur le même niveau. Il n'y a pas de riches et de pauvres
Pour ses partisans, il est important qu'une institution comme le Mucem s'intéresse à la philosophie du naturisme. Bien plus que la simple nudité, le naturisme représente une pensée qui accepte le corps tel qu'il est. "C'est d'autant plus important à l'ère des réseaux sociaux et de Photoshop, où on ne montre presque plus que des corps parfaits", affirme un autre visiteur.
Chez les naturistes, "on est vraiment soi-même"
Dans une société qui veut être plus proche de la nature, ce mode de vie – né du rejet de la vie urbaine et de l'industrialisation – est finalement très moderne, remarque pour sa part Michael von Graffenried qui propose en parallèle l'exposition "Nu au paradis" dans une petite galerie de Marseille. L'occasion de présenter son travail auprès des naturistes du lac de Neuchâtel.
Ces clichés s'inscrivent parfaitement dans l'oeuvre du photographe suisse, célèbre pour ses travaux documentaires sur la guerre civile en Algérie ou sur la scène de la drogue à Berne. "[Chez les naturistes], on voit le policier, on voit le jardinier, on voit le professeur d'Université, et tout le monde est sur le même niveau. Il n'y a pas de riches et de pauvres. On est vraiment soi-même", relève-t-il.
Reportages TV: Raphaël Grand (RTS) et Mirjam Mathis (SRF)
Adaptation web: Didier Kottelat