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Peu utilisées mais toujours plus nombreuses, les pièces de cinq centimes font de la résistance 

La pièce de 5 centimes connait un succès croissant, avec une augmentation 25 % en dix ans. Car le sou a la réputation de porter bonheur
La pièce de 5 centimes connaît un succès croissant, avec une augmentation 25 % en dix ans. Car le sou a la réputation de porter bonheur / 19h30 / 2 min. / le 18 octobre 2024
Le nombre de pièces de cinq centimes en circulation en Suisse ne cesse de grimper. L'augmentation atteint 25% en dix ans. Le "sou" n'est pourtant plus très utilisé et finit souvent dans la tirelire d'un enfant, dans la poche d'un touriste ou au fond d'un tiroir. Zoom sur une petite pièce dorée qui fait de la résistance.

En 2023, pas moins de 1,34 milliard de pièces de cinq centimes étaient en circulation en Suisse, contre 1,077 milliard dix ans plus tôt, selon les chiffres de la Banque nationale suisse (BNS). Aucune autre pièce de monnaie helvétique n'a connu une augmentation aussi nette. Cette hausse massive est d'autant plus étonnante qu'elle intervient en même temps que le développement fulgurant des moyens de paiement sans numéraire.

En règle générale, les pièces sont réintroduites d'une manière ou d'une autre dans le circuit monétaire par les consommateurs et les consommatrices. Mais avec le bon vieux "sou", ce cycle dysfonctionne. Au quotidien, la plus petite pièce helvétique n'est en effet pas pratique: on ne peut presque rien acheter avec et nombreux sont les distributeurs automatiques qui les refusent.

C'est pourquoi de nombreuses pièces de cinq centimes disparaissent. Elles sont perdues ou oubliées quelque part au fond d'un tiroir ou dans une boîte de collection, quand elles ne sont pas emportées à l'étranger par des touristes en mal de souvenir bon marché. Par conséquent, de nouvelles pièces doivent être mises en circulation.

Au niveau politique, un éventuel abandon de la pièce de cinq centimes n'est pas à l'ordre du jour. Une telle décision reviendrait au Conseil fédéral. Le gouvernement avait par exemple décidé de supprimer la pièce d'un centime, avec effet au 1er janvier 2007. Plus utilisée dans la vie quotidienne, celle-ci n'avait plus qu'une valeur symbolique.

Des résistances face à la disparition du "sou"

Avec la pièce de cinq centimes, c'est une autre affaire. Débattue au Conseil national il y a dix ans, son abolition avait finalement été rejetée. Soutenue notamment par Economieuisse, la suppression de la petite pièce jaune avait suscité une levée de boucliers de certains milieux, en particulier le commerce de détail et les associations de consommateurs.

Ces dernières années, les paiements sans numéraire ont massivement pris de l'ampleur, au détriment du cash. Selon une enquête de la BNS, l'argent liquide était encore utilisé dans 70% des transactions quotidiennes en 2017. Cette proportion a diminué de moitié ; pièces et billets sont désormais utilisés par les particuliers dans 36% des paiements.

Malgré cette évolution, l'association alémanique de protection des consommateurs continue de s'opposer à l'abandon de la pièce de cinq centimes, avec les mêmes arguments que par le passé. Elle craint que les commerces n'arrondissent les prix vers le haut et estime qu'une différence de dix centimes entre deux paliers est trop importante.

Une pièce qui coûte plus que ce qu'elle vaut

Un argument supplémentaire joue toutefois en faveur de la suppression du "Füfi", comme on l'appelle en Suisse alémanique: son coût de production. Au cours des dernières années, celui-ci était supérieur à la valeur nominale de la pièce. L'an passé, il s'élevait ainsi à 6,9 centimes par unité. Cette année, ce coût devrait descendre quelque peu, juste au-dessous de cinq centimes (4,8 centimes).

Les coûts de production varient en fonction des prix des métaux, mais aussi en fonction des coûts de personnel et des coûts d'exploitation, ainsi que du nombre de pièces produites. Plus la quantité de pièces est importante, plus les coûts unitaires diminuent.

Il revient à Swissmint, une entreprise publique en main de la Confédération, de frapper la monnaie. La quantité de pièces est en revanche fixée par la Banque nationale. Cette année, 26 millions de pièces de cinq centimes seront produites, soit plus que le double de 2023. Sur le long terme, cependant, la production est en recul. Le "sou" n'a pas dit son dernier mot.

Manuel Rentsch, SRF

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