Pourquoi le zoo de Zurich tue-t-il des animaux pour les donner à manger à d'autres?
Les suricates sont des animaux sociaux qui vivent en grands groupes familiaux, un couple dominant s'occupant seul de la reproduction. Lorsque le groupe devient trop grand, des luttes de territoire et des tensions sociales apparaissent. Dans la nature, les animaux rejetés migrent ou sont victimes de prédateurs.
Dans un zoo, ce processus ne se passe pas naturellement. C'est donc le parc qui doit s'occuper de la gestion des espèces. Or, le groupe de suricates du zoo de Zurich ayant atteint sa limite de capacité, trois membres de la colonie ont été tués et donnés aux hyènes, a indiqué le parc dans un communiqué diffusé à la fin septembre.
La mise à mort est la dernière option
"De nombreuses personnes sont impliquées dans ce genre de décisions: les conservateurs, les vétérinaires et le personnel chargé des soins aux animaux", explique le directeur du zoo Severin Dressen. Ces spécialistes ont évalué quels animaux pouvaient être retirés du groupe et ont décidé dans ce cas de prendre trois suricates âgés.
L'abattage est la dernière option, explique Severin Dressen, interrogé par SRF. "Nous essayons autant que possible de placer des animaux" dans d'autres institutions. C'est pourquoi le zoo de Zurich fait partie de l'association européenne des zoos. Mais dans ce cas, il n'y avait pas de place ailleurs pour les suricates zurichois.
De plus, pour cette espèce, le transfert des animaux est compliqué. "Les groupes étant issus d'un couple fondateur, nous ne pouvons pas simplement prendre deux de nos suricates et les envoyer dans un autre zoo. Ceux-ci ne pourraient pas être intégrés dans le nouveau groupe", assure Severin Dressen.
La gestion des espèces pour des populations saines
Derrière toutes ces considérations se cache ce que l'on appelle la gestion des espèces. Trois processus sont ici centraux: la reproduction, la migration et la mort. Ces processus sont importants pour maintenir des populations animales saines, souligne Severin Dressen. Dans les zoos, ils ne se produisent pas naturellement et doivent donc être contrôlés.
"Dans les zoos modernes, gérés de manière scientifique, l'objectif est de constituer des populations de réserve" en vue de leur conservation. Et pour avoir des populations saines, il faut des jeunes et donc de la reproduction. C'est important pour la gestion des espèces, mais aussi pour le bien-être des animaux, relève le directeur de l'institution zurichoise.
En même temps, l'espace dans les zoos est limité. "Pour certaines espèces, on peut réintroduire les animaux dans la nature, mais pour de nombreuses autres, ce n'est pas possible", note Severin Dressen. Par conséquent, la mise à mort reste parfois la dernière possibilité de contrôler les populations. Car dans les zoos, la plupart des influences extérieures – maladies, prédateurs, soif, faim – font défaut.
Un triste sort pour de nombreux avantages
"Nous essayons de tirer une plus-value de la mort des animaux du zoo", ajoute Severin Dressen. "Nous avons des animaux carnivores et nous avons besoin d'autres animaux pour les nourrir", dit-il. "Lorsqu'il s'agit de nos propres animaux, nous savons que ceux-ci ont eu une belle vie. Nous savons aussi que la qualité de la viande est excellente, qu'il n'y a, par exemple, pas d'antibiotiques."
En outre, selon le zoo, cette nourriture en circuit court est durable, car elle ne nécessite aucun transport. Enfin, pour les hyènes, manger des animaux entiers est "une activité naturelle et appropriée". Même si, aux yeux de certains, le sort des trois suricates peut sembler triste, cela n'en reste pas moins judicieux pour la population animale du zoo de Zurich, estime ainsi sa direction.
dk avec SRF