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Remplir son sac et partir "sans payer"? En Allemagne, le "supermarché du futur" est dopé à l'IA

La chaîne allemande Rewe teste l'utilisation de l'intelligence artificielle dans certains magasins. [KEYSTONE - OLIVER BERG]
La chaîne allemande Rewe teste l'utilisation de l'intelligence artificielle dans certains magasins. - [KEYSTONE - OLIVER BERG]
La chaîne de supermarchés allemande Rewe teste l'utilisation de l'intelligence artificielle dans certains magasins. Les clients sont scrutés par des centaines de caméras durant leurs courses, et l’IA se charge de la saisie des produits et de la facturation. Selon des experts, un tel système pourrait débarquer tôt ou tard en Suisse.

"On a l'impression de voler", témoigne un client d'un supermarché avec son sac plein de courses. Dans plusieurs magasins Rewe à travers l'Allemagne, on peut partir sans payer, du moins pas à une caisse ou à une station de paiement en libre-service. Il n'y a même pas besoin de scanner les article, le chaland peut choisir ses produits, remplir son sac et rentrer chez soi.

Le détaillant Rewe, comme d'autres chaînes de supermarchés allemands, travaillent actuellement avec des systèmes d'intelligence artificielle dans des magasins "tests". Aidée par une multitude de caméras, l'IA détecte en temps réel quels produits sont retirés des rayons et se charge de débiter automatiquement le montant des courses sur le moyen de paiement enregistré par les clients.

Pour la direction de Rewe, c'est à cela que ressembleront les achats du futur. L'entreprise conteste que cela permette de faire des économies sur le dos du personnel, comme beaucoup le craignent. "L'objectif n'est pas de réduire les effectifs. Il s'agit plutôt d'offrir une expérience aux clients et de lutter contre la pénurie de personnel qualifié", explique Alina Klüger, responsable du projet.

L'IA doit apporter un avantage aux entreprises

Les travaux de recherches menés jusqu'à présent disent tout autre chose, fait remarquer Gianluca Scheidegger de l'Institut Gottlieb Duttweiler (GDI), un centre d'études sur les questions de politique économique et sociale basé à Rüschlikon, dans le canton de Zurich. "Des études menées aux Etats-Unis montrent que les entreprises qui utilisent l'IA dans leurs opérations mettent moins de postes au concours."

Gianluca Scheidegger a mené une enquête représentative sur l'utilisation de l'IA en Suisse, en Allemagne et en Autriche. "Nous avons été surpris par la sincérité des réponses du management", déclare-t-il. "Les cadres s'attendent à ce que l'IA apporte principalement un avantage à l'entreprise, et non aux clientes et clients." Selon lui, il faut s'attendre à ce que de tels systèmes d'achat arrivent tôt ou tard en Suisse.

Les plus pauvres profitent peu de l'IA

L'étude du GDI montre que l'utilisation de l'intelligence artificielle est jugée plus ou moins positivement selon le niveau de formation des personnes interrogées. Les personnes ayant suivi une formation universitaire sont bien plus ouvertes à cette technologie que celles qui ont suivi la voie de l'apprentissage ou celles qui ont arrêté leur formation au terme de la scolarité obligatoire.

Les raisons qui expliquent ce fossé ne sont pas dénuées de fondement, explique Gianluca Scheidegger. "Les 40 dernières années ont montré que l'utilisation des nouvelles technologies a eu pour conséquence que les riches sont devenus de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. L'écart salarial n'a cessé de se creuser."

La clientèle est filmée par 800 caméras

La technologie utilisée dans le magasin test de Rewe à Düsseldorf s'appelle Computer Vision. Il fonctionne au moyen de 800 caméras installées au plafond. Pourtant, selon Alina Klüger, il n'y a pas de quoi s'inquiéter pour la protection des données: "Les caméras n'enregistrent que l'interaction des acheteurs avec les produits dans les rayons. Nous ne nous intéressons pas aux visages ou aux données biométriques".

Un sondage rapide réalisé auprès de la clientèle du magasin de Düsseldorf montre que les achats rapides sont plutôt bien accueillis. "Si j'avais le choix entre faire mes courses comme ici ou dans un magasin sans ce système, j'opterais toujours pour cette possibilité", déclare ainsi une personne dans le supermarché. "Je fais confiance à Rewe pour qu'ils ne fassent pas de bêtises avec mes données. Pour moi, le confort passe avant tout", affirme un autre client.

Ivana Imoli, SRF/dk

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Comment fonctionne le système Pick&Go

Pour faire ses achats dans le marché "Pick&Go" assisté par IA, la clientèle a besoin de l'application Rewe avec un code QR personnel. Avant le premier achat, une vérification de l'âge est effectuée, notamment pour permettre la vente d'alcool.

Lors des achats, il n'est pas nécessaire de scanner les produits à une caisse, à un terminal de paiement ou avec un scanner à main. Dès que le client quitte l'application avec son code QR personnel, les achats sont associés au moyen de paiement enregistré dans l'application et débités.

La saisie des produits est effectuée automatiquement par le système appelé "Computer Vision". Ce dernier fonctionne de manière similaire à la vision humaine, sauf que des caméras et des algorithmes remplacent l'oeil et le cerveau humains. Pour fonctionner correctement, le système est "nourri" d'innombrables données d'images jusqu'à ce qu'il reconnaisse de manière fiable des objets ou des personnes.