"A la lecture des journaux, je propose qu'on ne se laisse pas
entraîner (par la panique) et qu'on se calme. Nous savons traiter
ce genre de situations avec sang-froid", a-t-il déclaré aux
journalistes à l'ouverture du Conseil des ministres hebdomadaire à
Jérusalem.
La presse israélienne s'alarmait dimanche de la "crise ouverte"
avec Washington, au vu des vives réactions américaines à l'annonce
d'un nouveau projet de colonisation, ressentie comme une véritable
"humiliation" du principal allié d'Israël.
Le précieux soutien américain
"La crise longtemps attendue entre Israël et les Etats-Unis
depuis que Benjamin Netanyahu a pris ses fonctions de Premier
ministre a finalement éclaté", écrit le quotidien "Haaretz".
Selon le journal, "l'heure de vérité a sonné pour Netanyahu qui va
devoir choisir entre, d'une part ses convictions idéologiques ainsi
que son alliance avec la droite, et de l'autre la nécessité de
garder le soutien des Etats-Unis".
Ce soutien, pour l'ensemble des médias, est d'autant plus
indispensable, qu'Israël compte sur Washington pour stopper le
programme nucléaire iranien. "La crise entre l'administration Obama
et le gouvernement israélien est la plus grave depuis dix ans",
estime le quotidien populaire "Maariv", sous une caricature de
Netanyahu, brûlant à petit feu dans une marmite assaisonnée par le
président américain Barack Obama.
"Panique" de Netanyahu
Selon le journal "Maariv", la réaction de Benjamin Netanyahu aux
critiques américaines, "témoigne de sa panique", alors qu'il a
convoqué samedi soir d'urgence sept ministres les plus proches pour
décider de la création d'une commission administrative chargée
d'éviter la répétition d'un tel incident diplomatique.
Pour le quotidien à grand tirage "Yediot Aharonot", c'est à un
véritable "ultimatum" américain, portant sur un gel de la
colonisation, auquel Israël est confronté après avoir "craché à la
face" de son principal allié.
Le quotidien gratuit "Israël Hayom", proche du Premier ministre,
assure toutefois ses lecteurs "qu'Israël a tiré les conclusions" de
cette affaire jugeant la "réaction américaine exagérée", vu les
regrets dont a fait part Israël.
agences/sbo
Rappel des faits
Le 9 mars, en pleine visite du vice-président américain en Israël, le ministère de l'Intérieur a annoncé son feu vert à un projet de construction de 1600 logements dans un quartier de colonisation à Jérusalem-est annexée.
L'annonce a exaspéré les Palestiniens et suscité des condamnations unanimes dans le monde. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a discuté durant près d'une heure vendredi avec Benjamin Netanyahu et employé des mots très durs pour condamner cette attitude jugée "profondément négative" envers Washington.
Joe Biden, au cours de sa visite, avait condamné cette annonce, qui avait jeté une ombre sur son déplacement, destiné à relancer des négociations de paix indirectes avec les Palestiniens, sous l'égide des Etats-Unis.
David Axelrod: "une insulte pour les USA"
L'annonce par Israël de la construction de 1600 logements juifs à Jérusalem-Est est ressentie comme une "insulte" par les Etats-Unis et est "destructrice" pour le processus de paix au Proche-Orient, a jugé dimanche David Axelrod, principal conseiller de Barack Obama.
"Nous venons tout juste d'entamer des négociations indirectes. Nous faisons la navette entre les Palestiniens et les Israéliens. Et le fait que cette annonce intervienne à ce moment-là est très destructeur", a dit David Axelrod sur CNN.
Cette annonce a été vécue comme "une insulte (par Washington). Mais surtout, cela a sapé la très fragile tentative d'amener la paix" au Proche-Orient, a-t-il ajouté.
Qualifiant Israël d'"allié fort et spécial" des Etats-Unis, David Axelrod a estimé sur la chaîne ABC que "c'est justement pour cette raison qu'(Israël) n'aurait pas dû se comporter de la sorte".
L'annonce d'Israël de construire de nouveaux logements juifs dans le secteur à majorité arabe annexé de Jérusalem-Est intervenue lors de la récente visite du vice-président américain Joe Biden dans la région et a immédiatement provoqué un tollé au sein de l'administration Obama.
Benjamin Netanyahu a reconnu que l'annonce de la construction de nouveaux logements lors de la visite de Joe Biden était "une erreur regrettable mais non intentionnelle, qui ne doit pas se reproduire".
Lors d'un entretien sur la chaîne Fox News dimanche, Robert Gibbs, le porte-parole de Barack Obama, a jugé que ces excuses étaient un "bon début", mais qu'il en faudrait plus pour apaiser les Etats-Unis.
"Ce qui serait encore mieux, ce serait (qu'Israël) s'asseye à la table des négociations en avançant des idées constructives en vue d'un dialogue constructif et sincère qui permette de faire avancer le processus de paix", a dit Robert Gibbs.