Publié

Décès à Bochuz: enquête indépendante ordonnée

Le conseiller d'Etat vaudois Philippe Leuba a chargé un ancien juge cantonal d'enquêter sur la mort d'un détenu aux EPO à Bochuz. François Jomini devra établir un rapport précis sur le déroulement des faits et leur conformité ou non aux directives en vigueur.

"J'entends me déterminer non pas sur des rumeurs colportées,
mais sur des faits", a martelé Philippe Leuba mercredi devant la
presse, promettant "une transparence totale" sur les résultats des
investigations.



Mis sous pression par la gauche et des révélations dans la presse
sur ce drame, il a annoncé cinq mesures immédiates. Outre le mandat
donné à l'ancien juge, le chef du Département de l'intérieur a
ordonné la présence d'un agent supplémentaire la nuit aux EPO (de
22h00 à 06h00) ainsi que la création d'un service de piquet de deux
agents la nuit, mobilisables en moins de 40 minutes.

Un échec pour le service

Philippe Leuba a demandé au bureau privé TC Team Consult AG
d'étudier les directives sécuritaires actuelles et de rendre un
rapport d'ici trois mois. Enfin, les briquets traditionnels sont
interdits dans la zone sécurisée et remplacés par des briquets sans
flamme, alors que de nouveaux tests seront effectués sur les
matelas, réputés ignifuges et non toxiques.



Interrogé sur la mort le 11 mars du détenu asphyxié par les fumées
de son matelas auquel il avait bouté le feu après un différend avec
les gardiens, Philippe Leuba a parlé de "décès tragique" synonyme
"d'échec" pour le service pénitentiaire. Il a affirmé n'avoir
relayé aucun mensonge le lendemain du drame: "cette accusation est
totalement infondée".

Faire la lumière

Le chef du Département de l'intérieur a indiqué qu'il avait reçu
un premier rapport interne le 31 mars. Jugé incomplet, il a ordonné
un rapport complémentaire qui lui est parvenu le 20 avril. Mais il
reste "des zones d'ombres" et "des incompatibilités" sur lesquels
il entend faire toute la lumière grâce à l'ancien juge.



"Je ne vois pas comment on peut être plus transparent", a-t-il
souligné en promettant une publication complète des résultats de ce
travail, sans oublier l'enquête pénale en cours. Philippe Leuba
s'est dit "stupéfait" en lisant le déroulement des opérations via
la retranscription dans la presse de conversations téléphoniques
entre le pénitencier et la police.

Internement en question

Interrogé sur le régime de l'internement auquel était soumis le
détenu de 30 ans, Philippe Leuba a reconnu que "des questions
légitimes" se posaient. Mais "les mêmes hurlent" si l'on remet en
liberté de tels individus. Le prisonnier avait été condamné à dix
mois de prison à l'âge de 18 ans mais n'avait plus recouvré la
liberté depuis lors.



L'ensemble des mesures prises mercredi devraient coûter quelque
230'000 francs par an, sans compter 100'000 francs pour les audits
externes. Le rapport Jomini est attendu avant les vacances
d'été.

Réaction positive

Mardi, au Grand Conseil, les groupes socialiste, Verts, et A
gauche toute! avaient demandé une enquête indépendante. Béatrice
Métraux (Verts) s'est félicitée des cinq mesures annoncées et de la
rapidité de la réaction. Elle espère que François Jomini, souvent
sollicité par le Conseil d'Etat, aura "toute l'indépendance
nécessaire". L'engagement d'agent supplémentaire est bienvenu, cela
faisait longtemps qu'on le demandait, a-t-elle relevé.



ats/cht

Publié

Prisons vaudoises: situation critique

La Commission de gestion du Grand Conseil vaudois a pointé du doigt mercredi la surpopulation carcérale et les tensions qui prévalent dans les prisons. En 2009, cinq collaborateurs des EPO ont été agressés par des détenus souffrant de troubles psychiatriques.

"La situation est tendue", a expliqué Claude Schwab, rapporteur de la Commission de gestion (COGES). En 2009, après quelques années de tassement, la surpopulation carcérale a battu un nouveau record. "Et des cas individuels mettent à l'épreuve le système pénitentiaire", a dit M. Schwab devant la presse à l'occasion de la publication du rapport 2009 de la COGES.

Dans ce document, rédigé avant la mort d'un détenu à Bochuz (voir article principal), la commission juge la situation "maîtrisable". Mais elle avertit que des incidents graves restent possibles "dans une situation de surpopulation, aggravée par la prise en charge de cas dont la pathologie et/ou la dangerosité ne trouvent pas de réponse".

En 2008, la COGES avait déjà tiré la sonnette d'alarme sur la pénibilité du travail des gardiens. "Onze postes supplémentaires étaient prévus, mais pour faire des économies, seuls cinq ont été finalement accordés", a ajouté M. Schwab.